- Une étude de l'INSERM confirme que des traces du coronavirus ont été relevées en Fr
- Une étude de l'Inserm confirme que des traces du coronavirus ont été relevées en France plusieurs semaines avant l'apparition des premiers cas "officiels" de Covid-19
- Les témoignages de plusieurs des personnes chez lesquelles des anticorps ont été trouvés ne recoupent pas forcément les symptômes et les causes connues de contamination
Il y a un peu plus d’un an, en janvier 2020, les premiers cas de Covid-19 sont identifiés en France. Et s’ils n’étaient pas véritablement les premiers ? C’est l’hypothèse d’une équipe de recherche constituée de scientifiques de l’Inserm, de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Sorbonne Université et de l’IRD. Ils ont analysé des échantillons prélevés entre novembre 2019 et janvier 2020, dans le cadre de la cohorte Constances. Cette dernière est composée de plus de 220 000 adultes, et permet le prélèvement régulier d’échantillons de sérum, soit la partie liquide du sang. "Depuis 2018, on propose à des volontaires de participer à la mise en place d’une biobanque, indique Marie Zins, la directrice scientifique du projet à France Info. Ils acceptent que des échantillons de leur sang et de leurs urines soient congelés dans des grandes cuves d’azote pour des recherches ultérieures. Avec le professeur Carrat, nous nous sommes dit que ce serait intéressant de retrouver des traces du virus, c’est-à-dire la présence d’anticorps entre le mois de novembre 2019 et le mois de mars 2020." Cette expérience a porté ses fruits : 13 personnes ont été testées positives aux anticorps anti-SARS-CoV-2. Une deuxième analyse a permis d’identifier la présence d’anticorps neutralisants. Les résultats ont été publiés dans European Journal of Epidemiology.
Des cas symptomatiques et asympomatiques
"Les enquêtes menées auprès de 11 de ces participants ont révélé l’existence de symptômes pouvant être liés à une infection par le virus responsable de la Covid-19 ou à des situations à risque d’exposition potentielle au SARS- CoV-2 dès novembre 2019", précisent les chercheurs dans un communiqué. Après avoir informé les patients de la présence de ces anticorps, des enquêteurs ont récolté des renseignements auprès d’eux : voyage en Asie, pneumonie inexpliquée, santé de l’entourage, etc. "Six n’ont signalé aucun symptôme au cours des semaines précédant le prélèvement de l’échantillon, indiquent-ils. Cinq participants ont en revanche présenté des signes de maladies respiratoires virales, et huit ont été en contact étroit avec des personnes qui présentaient de tels signes ou ont signalé des situations à risque d’exposition potentielle au SARS-CoV-2."
Des patients aux profils différents
La cellule enquête de Radio France a rencontré plusieurs de ces "patients zéro". Ainsi, un quadragénaire explique qu’après avoir reçu ses résultats, il a rapidement pensé à son séjour de deux mois en Chine, fin 2019. Du 17 octobre au 9 décembre, il voyage avec sa compagne à travers le pays, sans jamais passer à Wuhan, ville où l’épidémie a connu sa première flambée. Si son test est positif, l’homme n’a jamais eu ni toux, ni fièvre, et sa femme non plus. Pour d’autres patients, les résultats de ces tests ont apporté des réponses à des interrogations anciennes. Une trentenaire résidant en Bretagne a été très malade à l’automne 2019. "J’avais comme des symptômes de sinusite mais avec une fatigue exceptionnelle au moindre effort, en montant les escaliers par exemple. Ça a duré plusieurs jours", raconte-t-elle à Radio France. Au même moment, son mari est malade et tousse tellement qu’il ne dort plus la nuit. Mais la jeune femme ne s’est jamais rendue en Asie à cette période. Seule piste d’explication : des allers-retours fréquents à l’hôpital pour soigner une fracture de l’avant-bras. Parmi les autres personnes positives, il a une médecin qui pense avoir été contaminée par des patients atteints de bronchite ou de sinusite, et également un homme, qui soupçonne les produits venant de Chine qu'il a manipulé dans le cadre de son travail. Face à ces situations toutes différentes, et la possibilité d'une erreur dans la réalisation des tests, les chercheurs restent prudents, et préfèrent le conditionnel : "la circulation du virus et l’infection par le SARS-CoV-2 pourraient avoir eu lieu dès novembre 2019 en France", concluent-ils.