- Les omégas-3 sont connus pour leurs bienfaits sur la santé
- Pourtant les bénéfices qu'ils apportent dépendent de particularités génétiques
C’est un argument de vente : “riche en oméga-3” affiché, par exemple, en gros sur certaines bouteilles d’huiles. Effectivement, ces acides gras essentiels sont connus pour avoir plusieurs vertus : ils entretiennent le cerveau, évitent le stockage des graisses, préviennent les maladies cardiovasculaires, aident à la régulation hormonale, etc. Et pourtant, ces bienfaits ne sont pas automatiques. Selon les chercheurs de l’Université de Géorgie, aux Etats-Unis, l’impact des oméga-3 dépend de la constitution génétique des individus. Dans leur étude, publiée dans la revue PLOS Genetics (https://journals.plos.org/plosgenetics/article?id=10.1371/journal.pgen.1009431), ils ont étudié les conséquences de la consommation ou non consommation d’huile de poisson - riche en oméga-3 - sur les analyses de sang de 70 000 personnes. Ils avaient aussi les informations génétiques de ces participants. Dans le détail, les scientifiques ont analysé l’action de l’huile de poisson sur quatre types de graisses dans le sang, dont le cholestérol et les triglycérides, des biomarqueurs de certaines maladies cardiovasculaires.
Les oméga-3 peuvent augmenter le taux de triglycérides dans le sang
"Nous savons depuis quelques décennies qu'un niveau plus élevé d'acides gras oméga-3 dans le sang est associé à un risque plus faible de maladie cardiaque, explique Ye, l’un des auteurs de l’étude. Ce que nous avons constaté, c'est que cet apport en huile de poisson n'est pas bon pour tout le monde; cela dépend de votre génotype. Si vous avez un bagage génétique spécifique, alors l’apport en huile de poisson vous aidera à réduire vos triglycérides. Mais si vous n'avez pas le bon génotype, prendre de l’huile de poisson augmentera vos triglycérides." Une action contre-productive pour l’organisme.
Pour parvenir à leurs résultats, l’équipe de chercheurs a divisé les 70 000 analyses de sang en deux groupes : ceux qui avaient consommé de l’huile de poisson et ceux qui n’en prenaient pas. En parallèle, ils ont effectué une analyse des génotypes - c’est-à-dire de la composition génétique - des participants de chaque groupe. Ils ont ainsi trouvé que les personnes ayant un génotype AG (Heterozygous genotype) avaient diminué leur taux de triglycérides dans le sang en consommant de l’huile de poisson. En revanche, les individus ayant un génotype AA (Normal genotype) ont légèrement augmenté ce taux en ingérant des oméga-3. Un faible taux de triglycérides participe à la prévention des maladies cardiovasculaires, en revanche un taux plus élevé peut favoriser leur développement. Enfin, il existe un troisième génotype, le GG (Mutant genotype), mais les scientifiques n’avaient pas assez de données sur celui-ci pour en tirer des conclusions.
Des travaux pour améliorer les conseils nutritionnels
Selon les auteurs, la variante génétique en cause dans cette plus ou moins bonne assimilation des oméga-3 serait le gène GJB2. Celui-ci pourrait modifier la réponse de l’organisme d’un individu à l’apport de l’huile de poisson. Dans de futures recherches, les scientifiques souhaitent pouvoir tester l’impact direct des oméga-3 sur les maladies cardiovasculaires, en fonction des génomes des patients. Jusqu’à présent, les études réalisées ont toutes conclu à une inefficacité de l’huile de poisson pour prévenir les maladies cardiovasculaires. Mais les chercheurs de l'Université de Géorgie estiment que ces précédents résultats pourraient ne pas être valables pour tout le monde. "Personnaliser et optimiser les conseils d’apport en huile de poisson en fonction de la composition génétique d'une personne peut améliorer notre compréhension de la nutrition, souligne Ye. Et conduire à des améliorations significatives de la santé et du bien-être humains." Dans certains laboratoires, des tests existent pour déterminer à quel génotype un individu appartient.