- Les autotests seront déployés pour les jeunes de plus de 15 ans, notamment à l'université, et les populations éloignées du soin.
- Ils ne seront disponibles qu'en pharmacie et la question de leur remboursement n'a pas encore été tranchée.
- Le nouveau test sérologique, élaboré par des chercheurs de l'Inserm, se fait par une simple piqûre au bout du doigt.
Pour lutter efficacement contre la Covid-19, il est crucial de savoir comment et où le virus circule. Pour cela, plusieurs tests de détection du virus sont disponibles. Validés il y a deux semaines par la Haute autorité de santé (HAS), les autotests devaient compléter l’arsenal de tests aux côtés du PCR, salivaires et antigéniques. Si un arrêté paru au Journal officiel du 27 mars autorise bien leur utilisation, il faudra attendre, au mieux, la mi-avril pour voir leur déploiement.
Un déploiement uniquement en pharmacie pour un public ciblé
L’arrivée des autotests en France se fait à petits pas. Vendredi dernier, le ministère de la Santé a annoncé lors d’un point presse en ligne que cet outil fera l’objet d’un “déploiement encadré par l’État”. Avant leur possible généralisation, leur vente ne pourra avoir lieu que dans les pharmacies. D’abord, il faut s’assurer que ces tests soient utilisés “dans de bonnes conditions”. Pour cette raison, leur vente en grande surface “n’est pas à l’ordre du jour” contrairement à l’Allemagne où, depuis le 6 mars dernier, ils sont disponibles en grande surface et trouvent un grand succès puisque de nombreuses enseignes ont fait part de ruptures de stock.
Tout le monde ne pourra pas acheter les autotests qui feront d’abord l’objet d’une expérimentation auprès de “publics ciblés”. Cela concerne des “publics qu’on ne teste pas aujourd’hui”. Concrètement, il s’agit des jeunes de plus de 15 ans alors que la HAS va prochainement réévaluer l’opportunité d’élargir leur utilisation aux 10-15 ans. Les étudiants et les “populations éloignées du soin” telles que les personnes précaires ou les habitants de certains territoires d’Outre-mer sont principalement visés. La liste exacte de ces publics est encore en cours de définition, précise le ministère. L’objectif est de “récupérer” des cas positifs “qui seraient passés inaperçus”, complète-t-il.
La question du remboursement de ce dispositif médical n’est pas tranchée, elle non plus. “La stratégie n’est pas encore stabilisée, notamment sur la question du remboursement selon le public, en fonction de l’âge ou de la situation de la personne”, avance-t-on au ministère de la santé
80% d’efficacité
Ces tests seront antigéniques, c’est-à-dire capables de repérer les antigènes produits par le système immunitaire contre le virus alors que le test PCR détecte directement la présence du SARS-CoV-2. Le prélèvement pour l’autotest se fera par le nez, comme pour les autres tests disponibles actuellement, sauf qu’il suffira de frotter un coton-tige à l’intérieur des narines, et non plus au fond du nez. Ensuite, le coton-tige devra être placé dans une solution spéciale, permettant de détecter la présence des antigènes en moins d’une demi-heure. Selon les modèles existants, les résultats sont obtenus soit grâce à une bandelette sur laquelle on dépose le réactif, soit via une application.
Les autotests présentent une efficacité inférieure au PCR et à l’antigénique mais ont montré des premiers résultats encourageants qui justifient, selon la HAS, leur déploiement. Ils rentrent dans les critères avec une sensibilité de 80 % chez les personnes symptomatiques, de 50 % chez les asymptomatiques et d’une “spécificité” - proportion de patients sans maladie ayant un test négatif - de 99 % chez les symptomatiques. L’analyse complète des performances de ces tests nasaux est toujours en cours et devrait intervenir dans les prochaines semaines, à la suite de quoi la HAS pourrait élargir leur utilisation aux 10-15 ans.
Un nouveau test sérologique, simple et efficace
Dans le même temps, des chercheurs de l’Inserm, en collaboration avec l’université britannique d’Oxford, ont élaboré un nouveau test sérologique pour savoir si l’on développé des anticorps anti-SARS-CoV-2 à la suite d’une première infection. Ce test, avancent les chercheurs qui l’ont présenté dans un article paru ce lundi 29 mars dans la revue Nature Communications, est “fiable, bon marché et ne requérant aucun matériel spécialisé”. Il repose sur “un réactif unique qui provoque l’agglutination des globules rouges en présence d’anticorps spécifique du virus SARS-CoV-2”. Testé sur plus de 400 sérums de patients au Royaume-Uni, il a présenté une sensibilité de 90%.
Cette méthode, connue depuis plus de 50 ans, sert notamment à déterminer les groupes sanguins. “Le secret de la simplicité de ce test repose sur l’utilisation d’un seul réactif qui se compose d’une protéine recombinante associant un anticorps reconnaissant une molécule de surface des globules rouges (la glycophorine) au peptide RBD de la protéine Spike du Sars-CoV-2 (le domaine reconnu par les anticorps neutralisants contre le virus), précisent les chercheurs. Mis en contact avec du sang, ce réactif se fixe sur les globules rouges.” Le sang peut être prélevé par une simple piqûre au bout du doigt, comme le font notamment les personnes diabétiques afin de mesurer leur glycémie. “Par ailleurs, l’approvisionnement en réactif se fait sous forme lyophilisée ne nécessitant aucune réfrigération et la lecture du résultat se fait à l’œil nu, avancent les chercheurs. Autre avantage : ce réactif est facile à produire à peu de frais. Avec un coût estimé à 0,3 centimes d’euros par test, il serait donc abordable pour les pays ayant moins de ressources.”