La Covid a bien fait flamber le nombre de décès. En 2020, ce sont 53 900 décès de plus que l’année précédente qui ont été enregistrés selon un bilan provisoire rendu public vendredi 15 janvier 2021 par l'Insee. Cette augmentation enregistrée de 9% correspond aux chiffres dévoilés le 17 mars dernier par des chercheurs de l’Institut national des études démographiques (Ined). Au total, “667.400 décès toutes causes confondues sont enregistrés en 2020 en France, soit 9% de plus qu'en 2018 ou 2019”, précise l'institut statistique.
27% de décès supplémentaires pendant la première vague
Ces décès supplémentaires sont, en grande partie, dus à l’épidémie de coronavirus qui a entraîné à elle seule 68 000 morts. Pourtant l’année 2020 a commencé par une mortalité moindre, du fait notamment d'une grippe saisonnière moins virulente que les années précédentes. Sur les deux premiers mois de l'année, on a ainsi compté 7 500 décès de moins qu'au début 2019, a dévoilé l’Insee. En revanche, les mois suivants qui coïncident avec la première vague de Covid-19, entre le 1er mars et le 30 avril, a vu la mortalité augmenter de 27% en 2020. Lors de la deuxième vague, entre le 1er septembre et le 31 décembre, 16% de personnes de plus sont décédées en 2020 par rapport à 2019. En cumulé, les deux vagues ont entraîné plus de 60 000 morts de plus qu'en 2019.
Dans son étude, l’Ined a également estimé qu’une partie des personnes décédées de la Covid-19 serait “de toute façon” décédée d'une autre cause, expliquant pourquoi la surmortalité ne correspond pas exactement au nombre de personnes décédées de la Covid-19. “Les décès par Covid-19 ont frappé en partie des personnes fragiles souffrant d’autres maladies, poursuivent les chercheurs. Une fraction d’entre elles seraient de toute façon décédées en 2020, même en l’absence d’épidémie de Covid-19. On aurait alors attribué leur décès à une autre cause (diabète, maladie cardiovasculaire, insuffisance respiratoire chronique, etc.).” Il est pour l’instant impossible de chiffrer l’importance de ce phénomène par manque de données, précisent les chercheurs.
L'Île-de-France, région la plus touchée
Par ailleurs, l’Insee estime que le bilan réel des victimes de l’épidémie pourrait être encore plus élevé à cause de l’“effet protecteur” des confinements, notamment sur l'épidémie de grippe et les accidents de la route qui normalement, auraient dû entraîner une diminution de la mortalité. Les régions affichant les excédents de mortalité les plus importants par rapport à 2019 sont l'Île-de-France (+18%) et le Grand-Est (+13), l’Auvergne-Rhône-Alpes (+14%) et la Bourgogne-Franche-Comté (+11%). Par ailleurs, conclut l’Insee, la surmortalité concerne principalement les personnes âgées de plus de 65 ans (+10%).
Cette augmentation de la mortalité d’une année sur l’autre n’est pas sans conséquence. Les démographes de l’Ined estiment qu’elle “se traduit par une baisse de l’espérance de vie à la naissance”. Pour les femmes, elle passe de 85,6 ans à 85,2 ans (0,4 an de moins) et de 79,8 à 79,2 ans chez les hommes (0,6 an de moins).