Vaccination, gestes barrière, port du masque et limitation des interactions sociales : la lutte contre la Covid-19 passe par différentes méthodes. Et si, notre assiette était aussi un moyen de combattre le virus ? D’après des chercheurs de l’université de Campinas, à São Paulo, un régime alimentaire riche en fibres pourrait contribuer à diminuer l’inflammation associée à l’infection par le SARS-CoV-2. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Gut Microbes.
Quel lien entre le virus et le microbiote intestinal ?
"Dans des recherches précédentes, nous avons découvert que des composés produits par le microbiote intestinal aident l’organisme à se protéger des infections respiratoires, explique Patrícia Brito Rodrigues, l’une des autrices de cette recherche. Le modèle utilisé était le virus respiratoire syncytial, qui provoque des bronchiolites et infecte souvent les enfants." D’autres scientifiques ont obtenu des résultats similaires dans des expériences menées sur d’autres types de virus. Ces différents constats ont poussé l’équipe brésilienne à s’intéresser aux liens entre le Covid-19 et le microbiote intestinal. Pour y parvenir, ils ont introduit le virus dans des cellules du colon et des cellules épithéliales, celles qui recouvrent les parois des organes creux comme la vessie ou les intestins. Ils ont analysé leur comportement en fonction du taux d’acides gras à chaîne courte (SCFA), produits par la fermentation des fibres et essentiels à la bonne santé du colon. "La charge virale n’a pas été réduite, et était exactement la même, dans les cellules traitées avec les SCFA et dans les échantillons non-traités", indique l’une des co-autrices, Raquel Franco Leal. Si cette première hypothèse était infructueuse, les chercheurs ont remarqué qu’en présence des SCFA, le gène DDX58 s’exprime moins. Celui-ci est lié au système immunitaire : il est capable d’envoyer des signaux qui provoquent une réaction inflammatoire. L’expression de la protéine TMPRSS2 était également réduite, or elle permet la pénétration du virus dans les cellules.
Des recherches à poursuivre
Dans un second temps, les chercheurs ont mené la même expérience sur des échantillons de tissus, prélevés dans le colon de patients non-infectés par le Covid-19. Ils les ont exposés au virus, puis ont traité une partie d’entre eux avec des SCFA. Comme pour la première expérience, la charge virale n’était pas différente entre les deux groupes de tissus. "Cela n’exclut pas la possibilité d’une action signifiante des SCFA sur l’infection par le SARS-CoV-2, ajoute Patrícia Brito Rodrigues. L’effet anti-viral pourrait dépendre de l’interaction avec d’autres cellules de l’organisme." Elle annonce que l’équipe va poursuivre ses recherches sur des modèles animaux, pour mieux comprendre l’effet de ces acides gras sur l’organisme dans sa globalité, et plus seulement sur des tissus ou cellules isolés.