- Gilbert Bao-Jaoudé identifie trois causes aux dysfonctions érectiles suite à une infection à la Covid-19 : l'altération de la circulation sanguine, un déficit de testostérone et la fatigue liée aux Covid longs.
- Les médicaments prescrits pour soigner les troubles érectiles sont parfois utilisés en réanimation pour les patients atteints de la Covid.
- La Covid n'est pas une MST.
La Covid-19 est une maladie qui laisse chez certains patients de nombreuses séquelles à plus ou moins long terme. Que ce soient des problèmes respiratoires, des pertes de goût ou d’odorat, le coronavirus affecte la vie de tous les jours mais également la vie sexuelle. Une étude parue le 20 mars dans la revue scientifique Andrology confirme que les troubles érectiles sont une des conséquences d’infection au virus. “Le dysfonctionnement érectile (DE) est une conséquence probable du Covid-19 pour les survivants, et compte tenu de la forte transmissibilité de l’infection et des taux de contagion plus élevés chez les hommes âgés, un phénomène inquiétant pour une grande partie des patients affectés”, a conclu Andrea Sansone, autrice principale de l’étude.
Les médicaments contre les troubles érectiles utilisés en réanimation
Le médecin-sexologue et directeur scientifique des plateformes www.charles.co et www.mia.co, Gilbert Bou-Jaoudé, identifie trois causes aux dysfonctions érectiles suite à une infection à la Covid-19. “L’un des points d’impact du virus est l’altération de la circulation sanguine, et notamment de la micro-sanguine donc il est logique que la micro-circulation sanguine du pénis soit concernée, pointe-t-il comme premier facteur. Ensuite, on observe chez les patients qui ont souffert de formes modérées à sévères, un déficit de testostérone. Enfin, pour ceux qui souffrent de Covid long, il apparaît plutôt logique que la fatigue, le manque de vitalité, d’élan ou encore les difficultés respiratoires qu’ils subissent soient associés avec une moins bonne forme sexuelle, une plus faible libido et des problèmes d’érection.”
Les facteurs prédisposant à la dysfonction érectile sont les mêmes que ceux qui augmentent les risques de faire une forme grave de Covid-19. “Obésité, diabète, hypertension… L’érection et la Covid ont une implication vasculaire donc les facteurs de risques vasculaires vont jouer sur les deux”, poursuit Gilbert Bou-Jaoudé.
Les médicaments prescrits pour soigner les troubles érectiles sont parfois utilisés en réanimation pour les patients atteints de la Covid, en l’occurrence le viagra et la cialis. Une étude parue le 8 septembre dernier dans la Sexual Medicine Reviews a confirmé ce lien. “Pris à des doses élevées, ces médicaments améliorent le fonctionnement des artères pulmonaires, précise le médecin-sexologue. Ils ont une autorisation de mise sur le marché depuis 10 ans pour les hypertensions artérielles pulmonaires et ont prouvé leur efficacité.”
La Covid n’est pas une MST
Ce lien entre la Covid et les troubles érectiles amène à se demander si la Covid est une maladie sexuellement transmissible (MST). “La Covid n’est pas une MST au sens propre, répond-il. Elle ne se transmet pas par contact génital. Par contre, les rapports sexuels sont propices à la transmission. Faire l’amour en appliquant les gestes barrières, c’est quasiment impossible.”
Par ailleurs, certaines études ont montré des traces de SARS-CoV-2 dans le sperme de certains patients guéris, “à hauteur de 15-20%, précise Gilbert Bou-Jaoudé. D’après les dernières données, le virus serait présent mais ne serait pas actif. En revanche, la présence du virus fait interroge sur la possibilité que les personnes contaminées puissent devenir fertile.” Pour l’instant, rien n’indique que cela est le cas. “Il faudra observer dans les 2-3 ans qui viennent pour se faire une idée”, estime-t-il.
Enfin, le médecin insiste sur la nécessité de consulter lorsque des troubles érectiles sont constatés pour éviter que la situation n’empire. “Si ces troubles sont rapidement pris en charge, les chances de guérison augmentent, déclare-t-il. À l’inverse, s’ils s’installent, cela peut traîner et les chances de guérison continuent et cela peut devenir pesant psychologiquement.”