La télémédecine semble plus nécessaire que jamais. À l’heure de la restriction des interactions sociales, elle permet de consulter sans se déplacer grâce à des appels en visio. Mais la vidéo présente des inconvénients : le médecin ne peut pas avoir toutes les informations nécessaires sur son patient, comme le pouls par exemple. Des chercheurs de l’université de Washington ont trouvé une solution. Ils ont mis au point un outil permettant de le mesurer à distance grâce à la vidéo. Il est aussi capable d’estimer la fréquence respiratoire, soit le nombre de cycles d’inspiration - expiration réalisés en une minute.
La technique du "machine learning"
Pour le mettre au point, les chercheurs ont utilisé la technologie du "machine learning", une forme d’intelligence artificielle. Elle permet notamment une classification des images. "Si vous lui donnez une série de photos de chats, puis lui demandez de trouver des chats sur d’autres photos, elle peut le faire", explique Xin Liu, l’un des chercheurs à l’origine de cet outil. Il a toutefois fallu apprendre à la machine à se concentrer sur une partie de la vidéo où le maximum d’informations physiologiques sont présentes. "Le système doit être capable de s’adapter rapidement à la signature physiologique de chaque personne, et de la séparer d’autres variants, comme leur apparence ou l’environnement dans laquelle elle se trouve", poursuit-il.
Des versions améliorées
Après plusieurs mises au point, l’équipe scientifique a réussi à créer un système performant. Pour l’instant, il est uniquement disponible dans une version test : il faut placer son visage dans le carré rouge placé sur l’écran, puis ne plus bouger pendant 30 secondes. Une courbe du pouls s’affiche ensuite. C’est la deuxième version de l’outil, moins sensible aux conditions d’éclairage et aux différences physiques que la première. Elle utilise le reflet de la lumière sur le visage d’une personne pour déterminer l’afflux sanguin et ainsi estimer le pouls et la fréquence respiratoire. "Nous reconnaissons que la performance est moins bonne lorsque la peau de la personne est foncée, prévient le chercheur, c’est lié en partie au fait que la lumière se reflète différemment sur les peaux foncées, ce qui génère un signal plus faible pour la caméra." Des recherches sont en cours pour trouver une solution à ce problème.
Où iront les données ?
Si cet outil est prometteur pour la télémédecine, il soulève des questions éthiques. Où seront stockées les informations récoltées ? Les chercheurs assurent qu’elles seront conservées uniquement sur la machine (ordinateur ou smartphone), et non pas sur des serveurs externes. Pour l'instant, ils doivent poursuivre leurs essais et cherchent à développer des partenariats avec des hôpitaux pour tester le système dans un cadre clinique.