Alimentation, exercice physique, sommeil : et si tous ces critères étaient des facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer ? L’impact de notre mode de vie sur le risque de démence est l’objet de différentes études. Dans la revue spécialisée Alzheimer’s & Dementia, des chercheurs américains constatent qu’il peut être l’une des causes de la pathologie. Cela se traduirait par un défaut d’assimilation du glucose par les cellules cérébrales.
Une analyse à l’échelle cellulaire
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs de l’université de Brigham Young, située dans l’Utah, ont analysé les séquences ARN prélevées dans le cerveau de 240 patients décédés de la maladie d’Alzheimer. Ils se sont intéressés à l’expression génétique de cellules du système nerveux pendant deux types de métabolisation : celle du glucose et celle des cétones. La première correspond à la destruction des carbohydrates pour créer de l’énergie et la seconde correspond aussi à une fabrication d’énergie, lorsque le taux d’insuline est faible et que nous brûlons davantage de graisse. C’est ce procédé qui a conduit à la création du régime cétogène : riche en gras et pauvre en glucides, il est sensé nous aider à perdre du poids.
Une incapacité à utiliser le glucose
L’analyse génétique du cerveau de ces patients atteints d’Alzheimer montre que ce dernier type de métabolisation n’est pas perturbé par la pathologie. En revanche, les chercheurs ont constaté un dysfonctionnement de la métabolisation du glucose. "Cette découverte est importante car le cerveau est comme une machine hybride, il a la capacité de trouver son énergie soit dans le glucose soit dans les cétones, mais dans les cerveaux touchés par Alzheimer que nous avons observés, il apparaît qu’il y a une déficience génétique fondamentale de la capacité du cerveau à utiliser le glucose", résument les chercheurs. Benjamin Bikman, professeur de physiologie et auteur principal de cette étude, compare ce phénomène à une image : "le corps nage dans une mer de glucose mais le cerveau est incapable de l’utiliser." D’après lui, il serait même en aggravation car le cerveau dépend de plus en plus des cétones, mais nos régimes alimentaires sont davantage riches en glucose. L’une de ses théories est qu’un traitement à base de cétones pourrait soutenir le fonctionnement cérébral et ralentir le déclin cognitif. Ce n’est pas la première étude qui s’intéresse au rôle du glucose dans la maladie d’Alzheimer, mais c’est la première à identifier ce phénomène à l’échelle cellulaire. Benjamin Bikman souligne qu’aujourd’hui on parle souvent de la pathologie comme le résultat d’une résistance à l’insuline du cerveau, voire d’un diabète de type 3.
Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?
La maladie d’Alzheimer est liée à l’accumulation de plaques amyloïdes dans le cerveau, qui provoque une dégénérescence des neurones. Elle se traduit par des troubles de la mémoire et des fonctions exécutives, des problèmes d’orientation dans le temps et dans l’espace, voire parfois des troubles du langage. D’après l’Inserm, elle touche environ 900 000 personnes en France, dont une majorité de personnes de plus de 80 ans.