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Sexualité et psychologie

Le "coup d’un soir" : pourquoi les regrets ne servent pas de leçon ?

Par Jean-Guillaume Bayard

Le sentiment de regret que peuvent provoquer les "coups d’un soir" ne permet pas d’éviter de répéter les mêmes erreurs.

torwai/iStock
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Les résultats ont d’abord montré que les femmes et les hommes ont des regrets différents concernant les "coups d’un soir."

On n’apprend pas de ses regrets. Les "coups d’un soir" peuvent parfois être suivis de sentiments de regret et de “plus jamais !”. Une équipe de chercheurs norvégiens a pourtant constaté que bien que l’on puisse regretter avoir eu une relation sexuelle le premier soir, ce sentiment de regret ne va pas conduire à modifier notre comportement. “Pour la plupart, les gens continuent avec le même comportement sexuel et le même niveau de regret”, appuie le professeur Leif Edward Ottesen Kennair, chercheur au département de psychologie de l’université norvégienne de sciences et de technologie (NTNU), et auteur principal d’une étude sur le sujet parue le 25 février dans la revue Evolutionary Psychology.

Les femmes et les hommes ont des regrets différents

Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont cherché à savoir si le regret sexuel est fonctionnel, c'est-à-dire s'il contribue à un changement de comportement. Ils ont interrogé 621 volontaires à deux reprises à travers un questionnaire sur le regret sexuel, à environ 4 mois et demi d'intervalle. “Cette approche permet d'étudier les changements sur des périodes plus courtes”, précisent les chercheurs. 

Les résultats ont d’abord montré que les femmes et les hommes ont des regrets différents concernant les "coups d’un soir". Les femmes ont davantage tendance à regretter d'avoir eu des relations sexuelles occasionnelles que les hommes. Les hommes, en revanche, regrettent plus souvent que les femmes de ne pas avoir profité d'une occasion sexuelle occasionnelle. “Nous voulions examiner si leur niveau de regret avait contribué à un changement de comportement la prochaine fois”, poursuit Mons Bendixen, professeur au NTNU et chercheur à l’étude. “De nombreuses émotions sont fonctionnelles, comme le dégoût qui protège contre l'infection et la peur qui protège contre le danger”, poursuit Leif Edward Ottesen Kennair.

Le regret est adaptatif

L’étude de l’évolution des réponses aux questionnaires a permis aux chercheurs de s’apercevoir que le regret a une influence différente sur notre comportement que la peur, contrairement à ce qu’ont pu affirmer des études antérieures. “Les chercheurs ont découvert que la plupart des gens croient que le regret modifie par la suite nos comportements. Ils supposent que le regret est en fait un sentiment négatif utile. Les gens supposent que cela les guide à ne pas répéter ce qu'ils ont regretté”, poursuivent-ils.

Pourquoi n’apprenons-nous pas de nos erreurs ? “Probablement parce que notre comportement dépend de notre personnalité, ce qui est quelque chose de tout à fait différent et plus compliqué qu'un sentiment de regret plus court ou plus prolongé”, avancent les chercheurs. “Nous ne sommes pas si surpris, ajoute Leif Edward Ottesen Kennair. Si le regret nous changeait, la plupart des pécheurs ne deviendraient-ils pas des saints ? Qu'est-ce que vous regrettez le plus souvent ? Cela a-t-il changé votre comportement ?”, interroge-t-il. 

Le regret est adaptatif, c’est-à-dire qu’il évolue au gré du contexte. “Cette étude confirme le caractère adaptatif du regret, conclut l’auteur principal de l’étude. Peut-être qu'il serait plutôt judicieux d’arrêter de regretter.