- Déjà disponibles dans plusieurs pays européens, les autotests étaient très attendus en France
- Ils seront disponibles à partir du 12 avril dans les pharmacies
- Leur fiabilité est évaluée à 80%
Comme Philippe Juvin, beaucoup de professionnels de santé militaient pour la commercialisation des autotests. “Aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, au moins, des autotests sont disponibles et utilisés, expliquait le chef du service des urgences de l'hôpital Européen George Pompidou, dans le podcast de la pandémie de Pourquoi Docteur, avec la Radio Santé Groupe VYV du 2 mars dernier. On est à un moment de l’épidémie où il faudrait tester massivement les gens et que les gens chez eux puissent avoir les moyens de se tester pour contrôler l’épidémie.”
C’est désormais chose faite. Dès le 12 avril prochain les autotests seront vendus en pharmacie. Pour Olivier Véran, le ministre de la Santé, il est primordial que les officines délivrent ces produits. L’avantage, par rapport à d’autres points de vente, est que les pharmaciens expliquent leur fonctionnement au moment de la délivrance. “Ce n'est pas si simple, (souligne Olivier Véran lors d’une interview au média en ligne Brut. C'est quand même 3 centimètres de gros coton-tige qu'il faut mettre dans le nez, ensuite il faut manipuler un produit, des gouttes, arriver à avoir une lecture… C'est un produit de santé donc c'est vendu en pharmacie.”
Les autotests, fiables à 80% maximum
Cet autotest se réalise par prélèvement nasal, via une petite tige de trois centimètres, moins longue et douloureuse que celle des tests RT-PCR et antigéniques. La personne met ensuite l'écouvillon dans le tube du kit, qui se mélange avec un réactif, puis dispose quelques gouttes du liquide sur la barre fournie. Enfin, vingt à trente minutes plus tard, le résultat y est affiché. Pour l’instant, l’efficacité de ces autotests reste moins fiable que ceux classiques. Celle-ci est évaluée à 80% maximum pour les premiers, tandis qu’elle va de 80 à 95% pour les autres. Néanmoins, la probabilité d’obtenir un faux-positif - c’est-à-dire un résultat disant que le patient n’est pas atteint de la Covid-19 alors qu’il est porteur du virus - est faible, soit 1%. “Le prélèvement des autotests n’étant pas réalisé par un professionnel de santé, mais par l’usager lui-même, la possibilité d’obtenir un “faux négatif” causé par une erreur de prélèvement est bien réelle,” souligne le site du ministère de la Santé. Ces autotests sont prévus pour les personnes asymptomatiques de plus de quinze ans, dans le cadre de campagnes de dépistage itératif à large échelle, à l’instar des campagnes de tests par prélèvements salivaires réalisées dans les écoles ou encore dans le cadre privé par des particuliers. “Il y a des faux négatifs, c’est vrai, mais les autotests antigéniques sont beaucoup plus efficaces que ce que l’on dit, insiste Philippe Juvin. En se testant deux fois par semaine, vous avez plus de chance d’identifier des malades qu’en faisant des tests PCR une fois par an. C’est comme si on allait à la pêche avec un filet un peu troué et bien on attrapera plus de poissons en y allant tous les jours avec un tel filet qu’en y allant une fois par an avec un beau filet.”
En cas de résultat positif, il faut faire un second test
Si le résultat est positif, l’utilisateur de l’autotest devra le confirmer par un second test, RT-PCR ou antigénique par prélèvement nasopharyngé. Celui-ci permet également de déterminer s’il s’agit de la Covid-19 ou d’un variant. Et, en attendant la confirmation, la personne doit immédiatement s’isoler. Si la positivité est avérée, l’isolement doit durer 10 jours, mais si l’individu a de la fièvre, il devra attendre 48 heures supplémentaires après disparition de celle-ci pour sortir de l’isolement. D’autres pays utilisent déjà ces autotests, comme la Grande Bretagne. “Là-bas, depuis le 27 février, tous les collégiens et lycéens peuvent se tester deux fois par semaine chez eux avant d’aller à l’école, développe Philippe Juvin. Chez nous, on annonce 60 000 tests par jour pour 4 millions de collégiens et lycéens. En faisant le calcul, on aura fait le tour d’ici un an. Les enseignants, eux, se testent depuis la fin janvier/début février. En plus, on demande aux gens d’enregistrer leurs résultats dans une base de données qui permet de connaître le niveau de circulation du virus.” Ainsi, dès qu’ils seront commercialisés, ces autotests devraient améliorer le système de dépistage français.
Près d’une semaine avant leur mise en vente, le prix de ces autotests n’a pas encore été communiqué. Le ministère de la Santé assure néanmoins qu’ils seront remboursés. Mais, tout comme les tests classiques, un résultat négatif ne dispense pas les utilisateurs du respect des gestes barrières et des règles sanitaires.