Finalement, l’Agence européenne du médicament (EMA) confirme un lien entre le vaccin AstraZeneca et les cas de thrombose survenus à travers l’Europe chez plusieurs patients après une injection. “Nous pouvons désormais le dire : il est clair qu'il y a un lien avec le vaccin”, a affirmé Marco Cavaleri, responsable de la stratégie sur les vaccins à l'EMA, ce mardi au quotidien italien Il Messaggero. L’Agence étudie actuellement ce lien après l’apparition de nouveaux cas de caillots sanguins en France et au Royaume-Uni. En tout, 62 cas de thromboses veineuses cérébrales ont été enregistrés dans le monde selon l’EMA, dont 44 dans les 30 pays de l’Espace économique européen (Union européenne, Islande, Norvège, Liechtenstein) pour 9,2 millions de doses de vaccin administrées. Parmi eux, quatorze décès ont été enregistrés.
Des cas de thromboses supérieurs à ce qui était attendu
Les raisons pour lesquels le produit du laboratoire britannique engendre des cas de thromboses restent inconnues. “Ce qui cause cette réaction, nous ne le savons pas encore, confirme Marco Cavaleri. (…) Nous devons encore comprendre comment cela se produit. Nous cherchons à obtenir un tableau précis de ce qui se passe, à définir de manière précise ce syndrome dû au vaccin (...) Parmi les personnes vaccinées, il y a un nombre de cas de thromboses cérébrales chez les personnes jeunes supérieur à ce à quoi nous nous attendrions.”
Depuis plusieurs semaines, des suspicions de graves effets secondaires sont apparus et ont conduit plusieurs pays européens à suspendre l’utilisation du vaccin AstraZeneca. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait confirmé ce risque qu’elle a qualifié de “très rare” avant que la vaccination reprenne en France pour les plus de 55 ans. D’autres pays ont suivi le modèle français comme le Canada et l’Allemagne tandis que d’autres, comme la Norvège et le Danemark, ont carrément suspendu l’utilisation de ce vaccin.
Des injections intraveineuses accidentelles ?
Un Collectif scientifique, le Collectif du Côté de la Science qui rassemble médecins, scientifiques, enseignants et chercheurs, avance que la survenue de thromboses chez les personnes vaccinées avec AstraZeneca s’expliquerait par une erreur lors de l’injection du vaccin. Dans un article publié le 25 mars dernier, les membres du collectif ont émis l’hypothèse que l’aiguille pourrait avoir été introduite dans un vaisseau sanguin plutôt que dans le muscle deltoïde de l’épaule alors que le sérum est prévu pour une injection intramusculaire. Cela entraînerait alors une sur-réaction immunitaire dont la production par certains globules blancs d’une sorte de "filet" appelé "NET" qui a pour objectif “d’attraper et d’emprisonner les virus circulants”, explique le Collectif. Selon plusieurs études, le NET peut être associé à la survenue de thromboses dans le cas où l’injection du vaccin se fait accidentellement dans une veine.
Pour Élodie Salvaing, infirmière à Orléans qui réalise régulièrement des injections, “cela est possible mais dans de très rares cas. Le vaccin s’administre avec une aiguille adaptée pour aller jusqu’au muscle. En plus, avant l'injection, on vérifie en aspirant pour voir s’il y a un retour de sang dans la seringue”. Sur ce point, le Collectif note que le ministère de la Santé ne recommande pas de vérifier l’absence de retour sanguin qui permettrait d’éviter d’avoir de telles suspicions. Par ailleurs, dans l’épaule il n’y a pas beaucoup, de vaisseaux sanguins. “S’il y a avait marginalement un très petit nombre de cas, cette justification pourrait être possible mais cela me semble compliqué pour tous les cas de thromboses qu’il y a eu.”