Depuis le début de la crise sanitaire de la Covid-19, plus de 500 nouveaux petits groupes sectaires ont été répertoriés en France. "Vous avez de nouveaux gourous qui se servent de la pandémie pour prêcher des mesures soi-disant de bien-être, mais qui sont des mesures de sujétion psychologique, voire de captation d'argent ou de biens", a dénoncé mardi 6 avril sur franceinfo Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté.
Renforcement de la Miviludes
Pour lutter contre le phénomène, Marlène Schiappa a annoncé qu'elle renforçait les moyens de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. "Je multiplie par dix les moyens de la Miviludes, ils sont maintenant d'un montant de 1 million d'euros pour accompagner notamment les associations. Il ne suffit pas de sortir de l'emprise de la dérive sectaire ou de la secte. Quand on en sort souvent, on n'a plus d'argent, on n'a plus d'amis et on est souvent dans un état de santé, dans un état psychologique déplorable. Et donc, il y a aussi un accompagnement pour la réinsertion", explique-t-elle.
Thierry Casasnovas, un naturopathe suivi par plus de 500 000 personnes sur Youtube, a notamment sous-entendu qu'on pouvait soigner la Covid-19 avec des bains froids et du jus de carotte, ce qui est totalement faux. Depuis juillet 2020, cet anti-vaccin sans aucune formation médicale est visé par une enquête pour "mise en danger de la vie d'autrui", ouverte par le Parquet de Paris.
"La désinformation traverse les frontières"
Contaminée par la Covid-19, l’actrice américaine Gwyneth Paltrow a elle aussi expliqué à ses milliers de followers qu’elle pratiquait désormais le jeûne intermittent pour soigner ses syndromes persistants, et entamé un régime cétogène à base de plantes. Ces conseils fantaisistes ont pour le moins agacé le professeur Stephen Powis, le patron du service public de santé britannique (National Health Service), qui a notamment rappelé au micro de la BBC mercredi 24 février que les stars avaient un “devoir de responsabilité” particulier lorsqu’elles s’exprimaient à propos de tels sujets sur les réseaux sociaux.
"Comme le virus, la désinformation traverse les frontières, elle mute et elle évolue. Ces derniers jours, je vois que Gwyneth Paltrow souffre malheureusement des effets du Covid. Nous lui souhaitons bonne chance, mais certaines des solutions qu’elle recommande ne sont pas vraiment celles que nous préconiserions au sein du NHS", a averti Stephen Powis. "Nous devons prendre la version longue du Covid-19 au sérieux et appliquer une science sérieuse. Tous les influenceurs qui utilisent les médias sociaux ont un devoir de responsabilité et un devoir de prudence à cet égard", a-t-il ajouté.
Que faire avant d’entreprendre un soin non conventionnel ?
Au-delà de la Covid-19, Marlène Schiappa alerte sur le fait que les "nouveaux gourous s'adressent beaucoup aux malades du cancer et aux femmes enceintes. Il y a eu une surexposition des femmes aux dérives sectaires parce qu'il y a de la prédation sexuelle aussi, parce qu'elles sont surreprésentées dans les personnes en situation de précarité".
Avant d’entreprendre un soin non conventionnel, il faut se renseigner auprès du ministère de la Santé, de la Miviludes et des associations comme l’Unadfi ou le Centre contre les manipulations mentales (CCMM). "C’est humain de chercher des alternatives face à l’impuissance de la médecine traditionnelle, mais il faut être très vigilant", explique Georges Fenech, député honoraire, ancien juge d'instruction et ex-Président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). "Plusieurs points doivent éveiller les soupçons. D’abord, toutes les médecines alternatives qui proposent des techniques miraculeuses sont à éviter. Je pense par exemple à la transmission des énergies ou à l’auto-guérison. La méthode de l’Access Bars Consciousness, très en vogue en ce moment, est le parfait exemple d’une approche "magique" des problèmes de santé, dont l’efficacité n’est aujourd’hui démontrée par aucune étude sérieuse. Ensuite, toutes les offres qui ont des exigences financières doivent susciter de la méfiance", avertit l’auteur du livre Gare aux gourous (éditions du Rocher).