- Ce nouveau test PCR cible spécifiquement les prophages, c'est-à-dire les séquences génétiques insérées dans la bactérie par un virus.
- Très sensible, il est capable de détecter une seule cellule bactérienne dans 0,3 ml de sang.
- Il pourra être utilisé pour diagnostiquer précocement la maladie de Lyme, mais aussi pour exclure rapidement une personne soupçonnée d'être atteinte de cette infection.
Maladie vectorielle infectieuse transmise par la morsure d’une tique, qui délivre dans son hôte la bactérie Borrelia burgdorferi, la maladie de Lyme est restée longtemps mal connue et donc sous-diagnostiquée. Les travaux menés ces dernières années ont montré que l’infection peut apparaître dans les 30 jours après la piqûre, d’abord sous forme d’une plaque rouge et ronde qui s’étend en cercle (érythème migrant) à partir de la zone de piqûre. La lésion de la peau peut s'accompagner de douleurs musculaires et articulaires, ou encore de fièvre. Avec un traitement précoce, elle disparaît en quelques semaines à quelques mois. Mais, si elle n’est pas traitée, elle peut mener à des troubles neurologiques et cardiaques, ainsi qu’à des paralysies faciales.
Bien qu’indispensable pour prendre en charge rapidement la maladie, le diagnostic précoce de Lyme est encore compliqué. En cause : les tests actuels qui ne peuvent généralement pas détecter le faible nombre de bactéries dans les échantillons de sang des patients au stade précoce.
Un nouveau test, beaucoup plus sensible, vient toutefois d’être mis au point par des chercheurs de l’université de Leicester, en Angleterre. Dans la revue Frontiers, ils détaillent la façon dont il cible les séquences génétiques de la bactérie responsable de la maladie de Lyme pour identifier la maladie le plus tôt possible.
Un test PCR qui cible les prophages
Mis au point par le Dr Jinyu Shan, ce nouveau test est basé sur la réaction en chaîne par polymérase (PCR), qui fonctionne en amplifiant de petites quantités de matériel génétique spécifique afin de pouvoir le détecter.
Jusqu'à présent, cette technique n'a pas été particulièrement aisée pour détecter les bactéries responsables de la maladie de Lyme dans le sang. En effet, ces bactéries se cachent souvent dans les tissus et ne sont pas nécessairement présentes en grand nombre dans le sang. De plus, de nombreuses séquences génétiques ciblées par la PCR n'ont qu'une seule copie dans chaque cellule, ce qui rend difficile la recherche et l'amplification d'une quantité suffisante pour la détection.
Les auteurs de l’étude ont trouvé une autre cible potentielle de la PCR dans les bactéries responsables de Lyme : des séquences génétiques appelées prophages, qui ont été insérées dans la bactérie par un virus. Plus susceptible d’être détectées dans le sang, ces séquences génétiques sont aussi présentes dans les cellules bactériennes individuelles.
Les chercheurs ont évalué leur nouveau test ciblant les prophages. Ils ont pour cela ajouté de petites quantités de bactéries responsables de Lyme à des échantillons de sang. Ils ont alors constaté que le test était très sensible, puisqu’il était capable de détecter une seule cellule bactérienne dans 0,3 ml de sang. Cela suggère que le test est suffisamment sensible pour être utilisé avec des échantillons humains, car les personnes infectées par la bactérie Lyme ont généralement entre 1 et 100 cellules bactériennes par ml de sang.
Un possible test pour d’autres infections bactériennes
Sur la base de ces résultats prometteurs, les chercheurs ont utilisé leur test PCR pour analyser des échantillons de sang provenant de volontaires sains et de patients atteints de la maladie de Lyme à un stade précoce ou avancé. Le test est parvenu à chaque fois à distinguer les échantillons sains de ceux atteints de la maladie de Lyme à un stade précoce ou avancé. "Le test pourrait également être très utile pour exclure rapidement une personne soupçonnée d'être atteinte de la maladie de Lyme", souligne le Pr Shan, qui explique que cette technique pourrait également s'appliquer aux tests de diagnostic d'autres infections bactériennes. Une seule condition : que les chercheurs parviennent à identifier des séquences de prophages adaptées à ces bactéries.
La technologie devra encore être développée avant de pouvoir être utilisée en clinique, mais les chercheurs ont déjà commencé à préparer le terrain. "Nous travaillons actuellement avec un partenaire commercial et étudions les questions réglementaires et la possibilité d'un essai clinique pour cette technologie", conclut le Pr Shan.