La clé du sur-traitement du cancer de la prostate pourrait bien être génétique. Des chercheurs américains ont en effet réussi à identifier trois gènes liés au vieillissement qui pourraient prédire l’agressivité du cancer. L’utilisation de ces trois biomarqueurs génétiques, couplée avec celle des tests déjà existants comme le dosage de la PSA, devrait pouvoir aider les médecins à repérer les patients qui doivent bénéficier d’une surveillance active. Et ainsi éviter des biopsies ou des ablations de prostate inutiles. « La plupart des 200 000 cas de cancers de la prostate diagnostiqués chaque année aux Etats-Unis évoluent lentement et resteront ainsi », déclare le Dr Cory Abate-Shen, professeur d’oncologie et d’urologie, principal auteur de cette étude parue dans la revue Science Translational Medicine. D’après une étude de l’Inserm parue en juillet dernier, 9,3% à 22.2% des patients atteints de tumeurs au stade T1 étaient sur-traités. Le sur-traitement du cancer de la prostate existe donc bel et bien en France aussi.
L’intérêt d’un test faisant le tri entre les cancers agressifs et ceux à évolution lente est donc évident. Restait à tester la validité de ces biomarqueurs génétiques. Les chercheurs américains ont donc mené une étude rétrospective sur des échantillons de biopsie effectués précédemment chez 43 patients qui avaient été suivis pendant au moins 10 ans. Tous les patients avaient d'abord été diagnostiqués avec le cancer de la prostate à faible risque. Or, 14 avaient finalement développé un cancer avancé de la prostate. Une agressivité que le test génétique avait bien diagnostiqué chez tous les 14 patients. C’est donc un sans faute mais les auteurs de ces travaux préviennent que la validité de ce test devra être confirmée sur un plus grand nombre de patients.
L’enjeu du développement d’un tel test génétique dans le cancer de la prostate est majeur. En effet, le sur-traitement est lourd de conséquences puisque les traitements ont un impact fort sur la qualité de vie de ces hommes. Environ 10% des patients gardent des séquelles urinaires après une chirurgie. Leur sexualité est également profondément bouleversée: après chirurgie de la prostate, un tiers des hommes serait impuissant et 60 à 80 % le serait après les rayons.