- En réactivant des souvenirs traumatiques, on peut aider à les faire oublier
- Cette méthode pourrait aider à traiter les victimes de stress post traumatique
Se souvenir pour oublier : l’idée peut paraître farfelue, pourtant, c’est la piste explorée par des chercheurs de l’université A&M du Texas. Dans Nature Neuroscience, ils expliquent qu’en réactivant les souvenirs traumatiques, il serait possible de diminuer leur intensité voire de les effacer entièrement. Ils nomment ce processus la "reconsolidation".
Un début de recherche
Dans une expérience menée sur des rats, ils ont utilisé des signaux pour réactiver un traumatisme. Lorsqu’ils les ont exposé au signal par la suite, cela a automatiquement généré une remémoration de l’événement, caractérisé par une hausse de l’activité dans l’hippocampe, une région cérébrale associée à la mémoire. D’après les conclusions des chercheurs, ce mécanisme pourrait permettre de rendre le souvenir traumatique plus malléable et donc plus susceptible de s'effacer. Ils estiment que des recherches plus poussées sont nécessaires pour déterminer s’il est possible d’engendrer sa suppression définitive.
Se souvenir pour mieux oublier
Les techniques utilisées aujourd’hui lors des thérapies permettent uniquement de réduire l’intensité du traumatisme. "Cela n’efface pas le traumatisme original, indique Stephen Maren, l’auteur de cette nouvelle étude. Il est toujours là et peut surgir à tout moment, c’est ce qui provoque la rechute chez les patients qui expérimentent à nouveau cette peur." Souvent, les thérapeutes demandent à leurs patients de se remémorer le traumatisme, sans les conséquences négatives qui y sont associées. Pour un vétéran, cela signifie se souvenir du bruit et de la lumière générés par une explosion, mais pas du reste.
Qu’est-ce que le stress post-traumatique ?
Ces travaux sont une piste intéressante dans la prise en charge du stress post-traumatique. Ce trouble touche les personnes victimes d’un événement traumatisant : guerre, attentat, deuil brutal, etc. D’après l’Inserm, cela concerne entre 5 et 12% de la population, mais certaines catégories de personnes sont davantage à risque : un quart des militaires en souffrent, par exemple. Concrètement, le stress post-traumatique se traduit par le fait de revivre régulièrement le traumatisme, par un phénomène d’évitement de tout ce qui s’en rapproche, par des troubles de l’humeur, une hyper vigilance, des troubles du sommeil, etc. Pour une majorité des personnes concernées, les symptômes disparaissent en trois mois, mais dans 20% des cas, le stress post-traumatique devient chronique. La psychothérapie est l’un des principaux axes du traitement, avec parfois, des médicaments pour soulager certains troubles.