La vitamine A, comme les autres vitamines, apporte de nombreux bienfaits pour l’organisme. Elle permet de stimuler le système immunitaire mais est également impliquée dans la santé osseuse, oculaire, pulmonaire. Des bénéfices anticancéreux ont également été découverts. Dans une nouvelle recherche, dont les résultats ont été présentés le 30 mars dans la revue eLife, des chercheurs allemands de l’université de Fribourg ont montré comment l’acide rétinoique, un dérivé naturel de la vitamine A, améliore la santé synaptique et la connectivité du cerveau.
Le cerveau évolue toute la vie
Le bénéfice cognitif de la vitamine A se précise. Les chercheurs ont découvert que les acides rétinoiques sont des messagers clés pour la plasticité synaptique dans le cerveau. Avec cette découverte, c’est le mécanisme de cette plasticité qui a été identifié. Cela offre de nouvelles opportunités de pouvoir développer de nouvelles stratégies thérapeutiques qui soutiennent la plasticité cérébrale et permettent de lutter contre certaines maladies mentales. “Les malades souffrant de dépression pourraient par exemple bénéficier d’un tel traitement”, avance Andreas Vlachos, chercheur à l'institut d'anatomie et de biologie cellulaire de l'université de Fribourg et auteur principal de l’étude.
Le cerveau évolue tout au long de la vie en se recâblant et s’adaptant constamment. C’est ce qui permet l'apprentissage et choses et la création des souvenirs. Cette adaptabilité du cerveau au niveau des neurones est appelée plasticité. “Les chercheurs soupçonnent depuis longtemps que des processus de remodelage ont également lieu aux points de contact entre les cellules nerveuses, c'est-à-dire directement au niveau des synapses, décrit Andreas Vlachos. Jusqu'à présent, une telle adaptation coordonnée de la structure et de la fonction ne pouvait être démontrée que dans des expériences animales.”
L’acide rétinoique renforce la transmission des signaux entre les neurones
Avec son équipe de chercheurs, il est parvenu à fournir des preuves expérimentales de la plasticité synaptique chez l’Homme. Pour cela, ils ont utilisé de minuscules échantillons de cortex cérébral humain. Le tissu cérébral prélevé a ensuite été traité avec de l'acide rétinoique avant que les propriétés fonctionnelles et structurelles des neurones ne soient analysées à l'aide de techniques électrophysiologiques et microscopiques. Ils ont alors étudié les effets de l’acide rétinoique sur les épines dendritiques, les parties de la synapse qui reçoivent, traitent et transmettent des signaux lors de la communication entre les neurones. Leur rôle est crucial dans la plasticité cérébrale puisqu’elles permettent de s’adapter constamment à l'expérience quotidienne. Au cours de l’apprentissage, par exemple, leur nombre et leur forme sont modifiés. Cette transformation du nombre ou de la forme des épines se retrouve également dans des maladies telles que la dépression ou la démence.
Les résultats ont montré que l'acide rétinoique augmente non seulement la taille des épines dendritiques mais renforce également leur capacité à transmettre des signaux entre les neurones. “Nous avons conclu de nos résultats que les acides rétinoiques sont des messagers importants pour la plasticité synaptique dans le cerveau humain”, assure Andreas Vlachos.
La vitamine A se trouve principalement dans les aliments de sources animales, dont les produits laitiers, les œufs, la viande et le poisson gras mais également dans certains fruits et légumes à feuilles. Les aliments d'origine animale contiennent de la vitamine A sous forme de rétinol et d'esters de rétinol alors que les légumes contiennent essentiellement des précurseurs du rétinol ou bêta-carotène, comme le décrit l'Anses.