- Le candidat vaccin a été bien toléré par les patients et les premières données sur son efficacité sont prometteuses.
- Il consiste à booster le système immunitaire en mélangeant des peptides, des petites protéines présentes dans la tumeur qui permettent sa croissance, et un adjuvant.
- Cinq autres essais cliniques de phase I sont prévus.
Les recherches de vaccins se multiplient. Après ceux mis au point contre la Covid-19 ou encore le vaccin en cours de recherche contre le VIH, c’est au tour des cancers d’en être la cible. Des médecins américains du Mont Sinaï à New-York ont développé une nouvelle approche dans le traitement du cancer en utilisant un produit personnalisé, conçu à partir d’échantillons de la tumeur du patient pour en augmenter l’efficacité. Les résultats d’un essai clinique de phase I ont été présentés lors de la conférence annuelle de l'American Association for Cancer Research qui se tient jusqu'au 15 avril 2021.
Un protocole bien précis
Ce n’est que le début des recherches mais celles-ci se révèlent prometteuses. Les scientifiques ont commencé à travailler à la conception d’un vaccin contre le cancer depuis 2018. À cette époque, ils ont mis au point un protocole d’identification et de purification des peptides cancéreux, des petites protéines présentes dans la tumeur qui permettent sa croissance. Pour trouver les peptides les plus susceptibles de provoquer une réponse immunitaire efficace contre la tumeur, les chercheurs ont regroupé plusieurs échantillons de la tumeur pour en isoler l’ADN et l’ARN avant de les séquencer.
Grâce à de la bio-informatique, les 15 peptides les plus intéressants sont isolés. À partir de cette sélection, les chercheurs vont créer le vaccin en laboratoire en y ajoutant un adjuvant, le Poly-ICLC. Il s’agit d'“un ARN double brin synthétique et stabilisé capable d'activer plusieurs récepteurs de l’immunité innée, faisant de lui l'adjuvant optimal pour induire une réponse immunitaire contre les antigènes des tumeurs”, décrit Nina Bhardwaj, cheffe du programme d'immunothérapie à la clinique du Mont Sinaï et responsable de l’essai clinique.
Une bonne tolérance
L’essai clinique de phase I a été mené sur 13 patients atteints de différents types de cancer, avec un risque important de rechute, afin de tester la tolérance du vaccin. En plus de leurs traitements habituels pour soigner leur cancer, les participants ont reçu dix doses de vaccin, étalées sur six mois. Ils ont ensuite été suivis pendant deux ans et demi et les résultats s'avèrent encourageants. L'objectif principal de l'essai est rempli puisque le vaccin a été bien toléré par les patients. Un tiers ont ressenti des symptômes mais ils étaient mineurs et uniquement localisés à l’endroit de l’injection.
Concernant les effets de ce vaccin, s’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, les résultats sont prometteurs. Huit volontaires n’ont pas fait de rechute. Quatre autres sont malheureusement décédés de leur maladie et un patient n’a pas souhaité poursuivre l’essai. Chez un des participants, une réaction immunitaire propre au vaccin a été observé tandis que dans deux autres cas, le vaccin a contribué à améliorer l’efficacité d’un traitement par immunothérapie. Cinq autres essais cliniques de phase I sont prévus et les chercheurs vont chercheurs à les mener sur des patients atteints d’autres cancers comme la vessie ou la prostate.