Les troubles respiratoires obstructifs du sommeil, tels que le ronflement, pourraient être une cause réversible des problèmes comportementaux de certains enfants. Cette affirmation est le résultat d’une étude, publiée dans la revue Nature Communications. Les auteurs estiment qu’un ronflement fréquent - soit plus de trois nuits par semaine - pourrait modifier la structure du cerveau des enfants, notamment leur lobe frontal. Ce phénomène serait aussi à l’origine de la modification de leur attitude. Ainsi, un dépistage précoce du ronflement ainsi que sa prise en charge pourraient, selon les chercheurs, diminuer d’éventuels problèmes comportementaux chez les plus jeunes.
Le ronflement impacte le comportement des enfants
Le ronflement est un bruit respiratoire qui survient quand une personne dort. Il intervient généralement lors de la phase de sommeil profond qui suit l’endormissement. Il est lié aux mouvements de vibration du voile du palais qui, lors du temps d’inspiration, vient buter sur la paroi postérieure du pharynx. Chez l’enfant, le ronflement résulte généralement d’une obstruction rhinopharyngée par augmentation de volume des végétations adénoïdes - situées au fond de la gorge, au-dessus du voile du palais - ou des amygdales. Le traitement de ces lésions s’impose si le ronflement provoque des épisodes de pause respiratoire pendant le sommeil.
De précédentes études ont déjà montré un lien entre le ronflement et certains problèmes de comportement chez les enfants, tels que l'inattention ou l'hyperactivité. Néanmoins, jusqu’à présent, la raison n’était pas entièrement comprise par le corps médical. De même, d’autres travaux mettaient en avant une corrélation entre l’apnée du sommeil - pauses ventilatoires d’au moins 10 secondes avec une fréquence de cinq par heure de sommeil - et certains changements cérébraux. Mais, ici aussi, les scientifiques ne connaissent pas l’impact exact de ces évolutions cérébrales sur les comportements observés chez certains enfants souffrant de troubles respiratoires obstructifs du sommeil, c’est-à-dire une résistance à la respiration pendant le sommeil et généralement associée au ronflement.
Traiter ce problème respiratoire pourrait régler certains troubles du comportement
Lors de leurs travaux, les chercheurs ont donc analysé les données - IRM de l’activité cérébrale, échantillons biologiques, informations psychologiques, environnementales et cognitives, etc. - de plus de 11 000 enfants âgés de 9 et 10 ans. Le but était de déterminer les liens entre leurs ronflements, la structure de leur cerveau et les éventuels problèmes de comportement qu’ils rencontraient. Les scientifiques ont ainsi confirmé que les jeunes souffrant de problèmes comportementaux ronflaient plus fréquemment que les autres et que plusieurs régions du lobe frontal de leur cerveau avaient de plus petits volumes que la norme. Le lobe frontal du cerveau est notamment impliqué dans les fonctions cognitives comme la résolution de problèmes, le contrôle des impulsions ainsi que les interactions sociales, ce qui expliquerait donc les troubles du comportement dont souffrent ces enfants. Néanmoins, les auteurs estiment que ces liens de causalités devront être confirmés par de nouveaux travaux afin de mieux déterminer la façon dont le ronflement, la structure du cerveau et les problèmes de comportement évoluent dans le temps.
A terme, si ces résultats sont confirmés, la bonne nouvelle de ces travaux pourrait être le caractère réversible des problèmes comportementaux des enfants. En effet, le dépistage précoce et la prise en charge de leurs ronflements améliorerait facilement leur attitude.