Se faire vacciner contre la Covid-19 peut entraîner un gonflement temporaire des ganglions lymphatiques. C’est une réaction immunitaire normale mais qui peut fausser le résultat de certains examens médicaux, comme la mammographie, et donc induire de faux diagnostics de cancer du sein. Mais, pas de panique si cela arrive, il ne faut pas croire que le cancer du sein est un effet secondaire de la vaccination. Ce résultat à l’examen est simplement une réponse immunitaire éphémère - le gonflement des ganglions lymphatiques - qui n’indique aucune pathologie. D’ailleurs, d’autres vaccins provoquent également ce type de réactions, comme celui contre la pneumonie, le tétanos ou encore le zona. Lisa Mullen, une radiologue spécialisée en imagerie mammaire, vient de publier un article pour avertir ses confrères de ce phénomène et rassurer ses patientes. Ce travail est publié sur le site de l'Université John Hopkins.
Une réaction immunitaire normale à la vaccination...
“La chose la plus importante est que les patientes comprennent qu'il n'y a aucun risque de cancer du sein associé au vaccin contre la Covid-19, et vous devez prévoir de vous faire vacciner dès que vous serez éligible”, souligne Lisa Mullen. Le système lymphatique est constitué de vaisseaux et de ganglions lymphatiques. Ces derniers sont positionnés le long des vaisseaux et comportent des zones où a lieu le traitement de l’information immunitaire. Ainsi, les ganglions contribuent à filtrer la lymphe, ce qui explique leur stimulation et leur augmentation de volume à chaque fois qu’ils rencontrent un microbe, un antigène - à l’instar d’un vaccin injecté sous la peau -, des débris cellulaires ou des cellules anormales. Ainsi, après la vaccination contre la Covid-19, certains patients ont un gonflement de ces ganglions lymphatiques. Cette réaction immunitaire est tout à fait normale et disparaît quelques semaines après l’administration de la dose.
… à ne pas confondre avec le signe d’un cancer
Néanmoins, en cas de cancer, la taille des ganglions lymphatiques peut aussi augmenter car ils sont stimulés. Ce sont eux qui filtrent et ralentissent la propagation des cellules tumorales. Parfois, ces grosseurs inopinées permettent de détecter certains cancers comme celui du sein, avec des ganglions lymphatiques situés sous les aisselles. De fait, en lisant les résultats de mammographies de patientes qui viennent de se faire vacciner, les radiologues et autres praticiens peuvent considérer qu’ils sont anormaux et peut-être annonciateurs d’un cancer. Ces résultats peuvent être liés à la vaccination récente, mais rien ne l’assure aux professionnels de santé. Ainsi, ils prescrivront des examens complémentaires aux patientes, comme une échographie, ce qui peut causer de l'anxiété et des désagréments mais qui est essentiel pour ne pas passer à côté d’un vrai cancer du sein. Ce n’est donc pas parce que le vaccin peut entraîner de faux résultats que le patient ne sera pas suivi avec la même rigueur par le corps médical.
Pour éviter l’erreur, programmer sa mammographie avant ou après le vaccin
Dans son article, Lisa Mullen conseille aux patientes de planifier leur mammographie avant de recevoir leur première dose de vaccin ou au moins quatre à six semaines après la deuxième dose. Suivre ces indications pourra éviter de faux diagnostics et un suivi médical inutile. Mais, en cas de doutes ou de douleurs, il ne faut absolument pas retarder sa mammographie à cause de l’injection. “Si vous présentez des symptômes tels que des douleurs mammaires, une boule au sein ou une recommandation d'un médecin indiquant que vous avez besoin d'une mammographie diagnostique, ne tardez pas : faites le test," assure Lisa Mullen. Le principe de précaution doit toujours primer.
Les premiers cas datent de janvier dernier
Au mois de mars dernier, les praticiens de l'hôpital général du Massachusetts, à Boston, aux États-Unis, mettaient déjà en garde sur ce sujet : un nombre élevé de ces patientes peuvent avoir des ganglions lymphatiques gonflés sans qu’ils soient annonciateurs d’un cancer. Leurs travaux avaient été publiés dans le Journal of the Americain College of Radiology. “Nous faisons de notre mieux pour éduquer les patients et éviter les rappels, les tests et l'anxiété inutiles, conclut Lisa Mullen. Nous voulons que les patients soient assurés qu'une hypertrophie temporaire des ganglions lymphatiques après le vaccin COVID-19 signifie simplement que le système immunitaire fait son travail.”