"Si on s'inquiétait autant des thromboses de la pilule que de celles de l'AZ [AstraZeneca], on ferait des progrès sur la contraception", écrivait lundi 12 avril une utilisatrice de Twitter. Partagé plus de 6 000 fois, ce message illustre un certain agacement de la gente féminine à propos de l’émotion provoquée par les thromboses du vaccin anti-coronavirus AstraZeneca.
Deux types de thromboses différentes
Comparé au vaccin AstraZeneca, les femmes qui prennent la pilule contraceptive ont 100 fois plus de risques de faire une thrombose. En fonction des premiers chiffres, on estime que le risque de faire une thrombose après avoir été vacciné contre le coronavirus est de 0,0006%, alors que le risque de faire une thrombose en prenant la pilule* est de 0,06%.
Si l’on s’en tient uniquement aux chiffres, les internautes et l’Avep (Association des victimes d'embolie pulmonaire et d'AVC liés à la contraception hormonale) ont donc raison de souligner un "deux poids, deux mesures". Néanmoins, les thromboses provoquées par les pilules contraceptives sont mieux comprises et mieux traitées que celles associées au vaccin AstraZeneca. Les premières menacent les poumons (provoquant des embolies pulmonaires), tandis que les secondes s’attaquent aux plaquettes sanguines. "Les thromboses auto-immunes du vaccin AstraZeneca sont associées à des difficultés thérapeutiques et à des complications", souligne sur France Info Marie-Antoinette Sevestre-Pietri, professeure de médecine vasculaire au CHU d'Amiens et présidente de la Société française de médecine vasculaire (SFMV).
Les effets secondaires des pilules contraceptives
Dépression, douleurs mammaires, sécheresse vaginale, baisse de la libido, cancer du sein, acné hormonale, saignements hors période de règles… Si la focalisation des médias et des politiques sur le risque de thrombose associé à Aztrazeneca agace une partie de la gente féminine, c’est aussi parce que les pilules provoquent de nombreux autres effets secondaires, sans que l’opinion publique ne s’en émeuve ou que les hommes envisagent d'autres moyens de contraception.
"Dans l'esprit du plus grand nombre, la contraception repose uniquement sur la femme, et ce en dépit de la charge mentale considérable que cela peut créer. Il existe pourtant des solutions de contraceptions dédiés aux hommes, dont on ne parle pas ou très peu…", rappelait l’association Kiffe Ton Cycle, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes lundi 8 mars.
*Principalement de troisième et quatrième génération.