- Depuis le début de la pandémie, il y a eu une hausse de 40 % des urgences pédiatriques.
- Pour Benjamin Lubszynski, “toutes les problématiques des enfants et des adolescents sont majorées” pendant la crise.
- Emmanuel Macron a promis que des réponses plus structurelles seront débattues lors des Assises de la santé mentale prévues cet été.
Le gouvernement a décidé de se saisir de la question des troubles psychologiques liés aux mesures restrictives prises pour lutter contre la pandémie, alors que les consultations ont augmenté de 27% chez les psychologues depuis le mois d’octobre. Des chèques psy ont récemment été octroyés aux étudiants. Cette fois, ce sont les enfants et les adolescents qui sont visés. En déplacement à Reims mercredi 14 avril, où il a notamment rendu visite au service de pédopsychiatrie du CHU, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d'un forfait psy pour les enfants en détresse psychologique qui comprend jusqu’à 10 séances qui seront remboursées à 100%.
Les problématiques sont majorées
“Nous avons aujourd’hui un problème de santé qui touche nos enfants et adolescents, qui se rajoute à l’épidémie”, a déclaré le chef de l’État. Pendant toute la durée de la crise, auprès de psychologues partenaires identifiables sur une plateforme et dans le cadre d’un parcours de soins passant par un médecin, les enfants et adolescents qui en ont besoin pourront bénéficier de ces 10 séances. “On voit monter quelque chose qu’on n’avait pas connu au premier confinement, une anxiété et des angoisses chez les plus jeunes qui se sont traduites dans les chiffres”, a souligné Emmanuel Macron, citant une hausse de 40 % des urgences pédiatriques depuis le début de l’épidémie.
Le psychothérapeute Benjamin Lubszynski se félicite de cette annonce qui atteste d’“une prise de conscience. Avec cette crise, toutes les problématiques des enfants et des adolescents sont majorées. Il y a plus de dépression, plus d’anxiété et plus de suicides.” Avec la fermeture des écoles, les enfants se retrouvent coupés de nombreux liens sociaux et peuvent parfois se retrouver coincés au milieu de contextes familiaux très compliqués. “Quand il y a une situation dysfonctionnelle dans la famille, l’école leur donne une pause, estime-t-il. Là, ils se retrouvent coupés de tout : ils sortent moins, font moins de sport, ont moins de stimulation… La dynamique familiale peut être facteur important de dépression et d'anxiété.” Quatre parents sur dix ont déclaré avoir observé des signes de détresse chez leur enfant lors du premier confinement.
Des réponses plus structurelles attendues cet été
Encore faut-il avoir suffisamment de personnel pour accueillir ces jeunes en détresse psychologique. “Il faudrait doubler, voire tripler les effectifs”, a alerté la cheffe du service de pédopsychiatrie du CHU de Reims, Anne-Catherine Rolland. Depuis septembre, les demandes de consultation ont doublé, insiste-t-elle. Pour continuer sur l’exemple de Reims, il faut désormais attendre 8 mois pour obtenir un rendez-vous chez l’un des deux pédopsychiatres que compte la ville.
Si ces forfaits ne seront disponibles que pendant la crise, Emmanuel Macron a promis que des réponses plus structurelles seront débattues lors des Assises de la santé mentale prévues cet été. “Il est nécessaire d’augmenter la vigilance des enfants et des adolescents en particulier, affirme Benjamin Lubszynski. C’est un passage difficile de la vie. Environ 8% souffrent de dépression et parmi eux, un tiers font des tentatives de suicide. En France, on dénombre une tentative toutes les dix minutes et le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les adolescents.”