L’analyse des comportements pendant l’enfance donne des indications sur la personnalité d’une personne. Des chercheurs portugais suggèrent que les adolescents qui présentent de faibles niveaux d’empathie ont un risque de psychopathie plus important à l’âge adulte. Selon eux, ce manque d’empathie les conduit à sentir moins de culpabilité face à l’éventualité de commettre un acte immoral et à considérer un tel acte comme étant mauvais. Ils ont présenté leurs résultats le 5 mars dans la revue Frontiers in Psychiatry.
Une nouvelle approche de la psychopathie
Les scientifiques ont cherché à évaluer les traits calleux de 47 adolescents âgés de 15 à 18 ans. Les traits calleux font référence à un manque d’empathie et au mépris pour le bien-être et les sentiments des autres. Pour cela, ils ont placé les volontaires devant des animations vidéo illustrant des exemples de transgressions morales, comme incriminer quelqu'un ou garder de l'argent qui tombait de la poche de quelqu'un d'autre. “Cette approche nous a permis de créer des scénarios plus réalistes qui se produisent dans la vie quotidienne”, estime Oscar Gonçalves, neuroscientifique et co-auteur de l'étude. Les chercheurs ont ensuite demandé aux adolescents à quel point ils se sentiraient coupables s'ils étaient ceux qui commettaient les transgressions morales et à quel point ils pensaient que les actions étaient mauvaises.
Bien que les traits calleux et non émotionnels chez les adolescents soient connus pour être des signes précurseurs de la psychopathie à l'âge adulte, les résultats de l'étude apportent un regard différent sur ce trouble de la personnalité. “Les adultes ayant des traits psychopathiques montrent de faibles niveaux de culpabilité anticipée mais considèrent les actions immorales comme mauvaises. Cependant, dans notre étude, les adolescents avec des niveaux élevés de traits calleux montrent de forts niveaux de culpabilité et jugent aussi les actions immorales comme moins mauvaises”, décrit Margarida Vasconcelos, co-autrice principale.
Mieux cibler les interventions
Les chercheurs ont trouvé des preuves d'une dissociation entre les émotions et le jugement moral, c'est-à-dire entre les sentiments de culpabilité et celui de juger des actions comme immorales. “Même chez les adolescents présentant des niveaux élevés de traits calleux et non émotionnels, cette dissociation typique de la psychopathie à l'âge adulte se produit déjà au cours du développement, poursuit la coordinatrice de l'étude, Ana Seara Cardoso. Ces résultats contribueront au développement d'un modèle de comportement anti-social sévère et permettront le développement de cibles d'intervention, la réhabilitation et la prévention précoce des comportements anti-sociaux.”