- L'hygiène bucco-dentaire est aussi importante que la prise d'antibiotiques pour prévenir le risque d'endocardite infectieuse.
- Les antibiotiques restent cependant essentiels avant certaines procédures dentaires, notamment chez 4 catégories de patients à risque définies par l'American Heart Association dans ses nouvelles directives.
Se brosser les dents au minimum deux fois par jour, utiliser du fil dentaire et se rendre chaque année chez son dentiste n’aide pas seulement à préserver son sourire. Cela permet aussi de réduire drastiquement le risque d’endocardite infectieuse. Cette inflammation cardiaque est due aux bactéries buccales qui pénètrent dans la circulation sanguine et s'installent dans la paroi interne des cavités du cœur (l’endocarde), en touchant principalement les valves cardiaques ou les vaisseaux sanguins. Les streptocoques et les staphylocoques occupent la première place des bactéries incriminées : elles s’accumulent dans la plaque dentaire à la surface des dents et provoquent une inflammation et un gonflement des gencives.
Des patients à risque élevé d’endocardite
Si une mauvaise hygiène dentaire accroît le risque de développer une endocardite infectieuse, certains patients sont plus à risque. C’est ce que mettent en lumière les nouvelles lignes directrices de l’American Heart Association. Publiées dans la revue Circulation, elles econfirment des recommandations antérieures. Selon ces dernières, il existe quatre catégories de patients cardiaques qui devraient se voir prescrire des antibiotiques avant certaines interventions dentaires afin de prévenir l’endocardite, et ce en raison de leur risque plus élevé de complications liées à l'infection. C’est le cas des patients ayant des valves cardiaques prothétiques ou des matériaux prothétiques utilisés pour la réparation des valves, ceux ayant déjà eu une endocardite infectieuse, les adultes et les enfants atteints de cardiopathie congénitale et les personnes qui ont subi une transplantation cardiaque.
Une diminution de la prescription d’antibiotiques
Ces nouvelles lignes directrices de l’American Heart Association font suite à celles de 2007, qui définissaient de manière stricte les patients devant recevoir des antibiotiques préventifs avant certaines procédures dentaires dans ces quatre catégories à haut risque. Ce changement a permis de réduire d'environ 90 % le nombre de patients nécessitant des antibiotiques et ainsi de limiter la surconsommation d’antibiotiques dans la population. Ces directives n’ont pas non plus augmenté le cas d’endocardite ou celui de décès lié à une inflammation cardiaque.
Depuis l’adoption des directives en 2007, les scientifiques de l’American Heart Association ont ainsi constaté une réduction globale d'environ 20 % de la prescription d'antibiotiques préventifs chez les patients à haut risque, une diminution de 64 % chez les patients à risque modéré et une diminution de 52 % chez les patients à risque faible ou inconnu.
Dans une enquête menée auprès de 5 500 dentistes aux États-Unis, 70 % d'entre eux ont cependant déclaré prescrire des antibiotiques préventifs à leurs patients même si les lignes directrices ne le recommandent plus, et ce, le plus souvent pour des patients souffrant d'un prolapsus de la valve mitrale et de cinq autres pathologies cardiaques. Les dentistes ont indiqué que, dans 60 % des cas, le régime antibiotique était recommandé par le médecin du patient, et dans un tiers des cas, il était conforme aux préférences du patient.
Une bonne hygiène bucco-dentaire pour limiter les risques
Qu’apportent ces nouvelles directives, par rapport à celles de 2007 ? Elles insistent donc sur la nécessité de maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire et l’accès régulier aux soins dentaires pour prévenir l’apparition de l’endocardite infectieuse, et ainsi limier encore la prise d’antibiotiques avant certaines procédures dentaires.
"Il est important de mettre les patients en contact avec des services qui facilitent l'accès aux soins dentaires et l'aide à l'assurance pour la couverture dentaire, en particulier chez les patients à haut risque d’endocardite", écrivent les experts de l’American Heart Association, qui recommandent d’utiliser prioritairement des antibiotiques préventifs "chez les patients à haut risque qui subissent des procédures dentaires impliquant une manipulation du tissu gingival ou des zones infectées des dents, ou une perforation de la membrane tapissant la bouche".