Le taux de mortalité - toutes causes confondues - des personnes nées à l’étranger et résidents en France a été deux fois plus élevé que celui des individus nés dans l’hexagone sur l’ensemble de l’année 2020. Il s’agit d’une augmentation de 17% pour les premiers contre 8% pour les seconds, selon les chiffres publiés par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Une surmortalité plus importante chez les personnes nées en Afrique
Cette surmortalité concerne surtout les personnes originaires d’Afrique. Dans le détails, 21% d’augmentation pour celles issues du Maghreb - soit 40 100 décès en 2020 contre 33 300 en 2019 - et + 36% pour celles nées dans un autre pays d’Afrique, avec 7 400 morts en 2020 contre 5 400 l’année précédentes. Les étrangers d’Asie ont eux connu une croissance de ce taux de mortalité de 29%, soit 6 300 décès en 2020 contre 4 900 en 2019. Les personnes nées dans d’autres pays ont en revanche eu des chiffres similaires à ceux natifs Français.
Un écart très important lors de la première vague
Lors de la première vague, entre mars et avril 2020, les chiffres étaient encore plus impressionnants entre les individus nés en France et ceux de l’étranger : une augmentation de 49% pour les étrangers par rapport à la même période en 2019, contre 23% de croissance pour les individus nés en France. Cette surmortalité a, là aussi, surtout concerné les populations originaires d’Afrique. En effet, 55% de plus pour celles issues du Maghreb et 117% pour le reste du continent. Pour celles originaires d’Asie, ce taux était de 92%. En revanche, de septembre à décembre 2020, l'écart s’est resserré entre natifs Français et ceux de l’étranger, soit une augmentation de 16% pour les premiers et 26% pour les second.
“Les personnes nées en Afrique utilisent plus souvent les transports en commun”
L’Insee souligne que ces données statistiques ne tiennent pas compte d’informations importantes pour comprendre ces chiffres ou en tirer des conclusions. Par exemple, rien n’indique les conditions de vie des personnes décédées (logements, professions, moyens de transports), leur état de santé comme l’obésité, le diabète ou encore les maladies respiratoires chroniques qui favorisent le développement des formes graves de la Covid-19. Néanmoins, “les personnes nées en Afrique ou en Asie occupent par exemple des logements plus petits et utilisent plus souvent les transports en commun pour aller travailler, soulignent les auteurs. Faute d’informations suffisantes sur les personnes décédées, cette étude ne permet pas d’expliquer la différence de surmortalité entre les personnes nées à l’étranger et celles nées en France, et de conclure quant à une surmortalité particulière des personnes nées à l’étranger, une fois prises en compte les conditions de vie et de santé notamment.”
L’importance des conditions économiques et sociales
Dès le début de la crise sanitaire, plusieurs chercheurs ont souligné le rôle des conditions économiques et sociales dans le risque d’être infecté par la Covid-19. L’idée principale est que ceux ayant le moins de ressources exercent souvent des métiers de contact comme caissier et prennent davantage les transports en commun, autrement dit des situations où le risque de contamination est élevé. Selon une enquête intitulée Précarité et séroprévalence de la Covid-19 en Ile-de-France et publiée dans la revue MedrRxiv, la séroprévalence de la Covid-19 était de 88,7% chez les personnes vivant dans des résidences de travailleurs et de 50,5% dans les refuges d'urgence. La séroprévalence désigne ici le nombre de personnes, dans une population donnée, ayant été infectées à la Covid-19. Ces facteurs économiques et sociaux jouent aussi un rôle sur la possibilité de se protéger du virus car les protections telles que les masques et le gel hydroalcoolique représentent un budget qui peut être conséquent pour ces personnes, et, bien sûr, sur l’accès aux soins.