Publiée samedi 17 avril dans le journal Libération, cette tribune compte une quinzaine de signataires professionnels de santé, dont le Dr Thomas Bourdrel, radiologue à Strasbourg, ainsi que plusieurs collectifs, comme Strasbourgrespire et Air-Santé-Climat.
Ces derniers attirent l’attention sur l’émission de particules fines liées à la combustion de bois, "semblables en termes de composition aux particules diesel (fioul de chauffage et gazole routier), notamment en raison des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) extrêmement cancérigènes qui entrent à la fois dans la composition des particules fines mais également des gaz émis par la combustion du bois".
Si de nouveaux appareils équipés de filtres ont été déployés ces dernières années pour réduire les émissions de particules fines liées à la combustion de bois, les particules ultrafines, qui sont les plus toxiques, sont tout de même relâchées dans l'atmosphère.
"La combustion du bois peut émettre jusqu’à 35 fois plus de HAP cancérigènes que le fioul domestique, et bien plus encore comparativement à la combustion", soulignent les auteurs de la tribune. "En plus de leur caractère cancérigène, ces particules carbonées sont également les plus toxiques pour les systèmes respiratoires, cardiovasculaires ainsi que pour le développement du fœtus", ajoutent-ils.
Un danger pour la santé... mais aussi pour l'environnement
Plus particulièrement, le collectif insiste sur les dangers liés aux centrales au bois dans les villes, ainsi qu’aux usines comportant des incinérateurs pour brûler les déchets, à l’instar de l’entreprise Blue Paper à Strasbourg qui a remplacé ses chaudières à gaz par ces appareils et qui a bénéficié de subventions de l’État pour opérer ce changement.
Enfin, le collectif rappelle également que la combustion massive du bois n'est pas sans conséquence sur l'environnement. Ces derniers se basent notamment sur une publication dans Nature en septembre 2018, dans laquelle des chercheurs du Giec préviennent qu'à ce rythme, la filière bois énergie pourrait à elle seule provoquer une augmentation de 10% des gaz à effet de serre dans les dix prochaines années.
"Nous insistons sur l’importance d’instaurer des valeurs limites et une surveillance des polluants toxiques non encore réglementés, comme le préconise l’Anses, et nous demandons une révision des normes pour les polluants les plus nocifs comme les HAP. En effet, sur la dizaine de HAP cancérigènes, seul le benzo(a)pyrène bénéficie de valeurs limites dans l’atmosphère, mais il s’agit de normes annuelles et non journalières", concluent les médecins.