Le sommeil des couples est un révélateur d’inégalités sociales, selon une nouvelle enquête de l’Insee. "Dans la majorité des couples, les conjoints synchronisent leur sommeil, mais la synchronie n’est pas identique dans toutes les classes sociales", expliquent les experts en préambule. "Le sommeil des couples d’employés et d’ouvriers est le plus désynchronisé", rapportent-ils.
À partir des enquêtes Emploi du temps 1986, 1999 et 2010, les chercheurs ont réalisé une typologie de l’organisation du sommeil au sein des couples, afin d’étudier les facteurs de désynchronisation et leurs évolutions entre le milieu des années 1980 et la fin des années 2000. Premier constat : entre ces deux dates, la désynchronisation du sommeil des couples a augmenté dans la quasi‑totalité des classes sociales, en raison d’un allongement du temps d’écoute de la télévision. "Toutefois, les inégalités face aux horaires de travail restent le principal facteur explicatif des différences de synchronisation du sommeil", écrivent les scientifiques.
La désynchronisation du sommeil de couples d'ouvriers dure en moyenne 3 heures
La désynchronisation du sommeil des cadres dure en moyenne 1h45, quand celle des employés dure en moyenne 2h45 et celle des ouvriers 3h. 82% du sommeil des couples de cadres est synchronisé, quand ce n’est le cas que de 73% du sommeil des couples d’ouvriers par exemple. "De prime abord, cette différence de 10 points peut sembler faible, mais au regard de la forte synchronisation du sommeil de la population française, elle n’est pas anodine", commentent les experts.
Autre enseignement : la désynchronisation du sommeil reflète également les inégalités de genre dans la division du travail au sein des couples, femmes et hommes ne réalisant pas les mêmes activités pendant le sommeil de leur conjoint ou de leur conjointe.