Le 17 avril, les député·es ont voté trois avancées en faveur de davantage de repas végétariens dans les cantines collectives :
- Le menu végétarien hebdomadaire, mis en place à titre expérimental suite à la loi EGAlim en 2018, est entériné pour les cantines scolaires publiques et privées ;
- Une option végétarienne quotidienne est rendue obligatoire, au 1er janvier 2023, dans les établissements et services de la restauration collective sous la responsabilité de l’Etat qui proposent déjà des choix multiples (services administratifs de l’Etat, CROUS, armées, prisons, hôpitaux, entreprises nationales de type SNCF) ;
- Une évolution des référentiels de formation en cuisine pour y inclure les avantages en termes de santé et d’environnement de la diversification des protéines.
"Les associations environnementales saluent le travail parlementaire", mais...
Des dispositions qui vont dans le bon sens, selon Greenpeace. "Dans un contexte particulièrement décevant face à un projet de loi climat qui manque très largement d’ambition, les associations environnementales saluent le travail parlementaire ainsi que le positionnement courageux de la ministre de l’Ecologie Barbara Pompili ayant abouti à ces avancées qui engagent un changement de long terme de la restauration collective sous responsabilité de l’Etat", se félicite l’association environnementale. "Les débats ont illustré la prise de conscience sur le sujet de nombre d’élu·es, en particulier de gauche mais aussi d’autres courants politiques, faisant état de l’évolution positive des mentalités sur le fond. De nombreux député·es ont notamment rappelé que les menus végétariens ne s’opposent pas à la consommation de viande de qualité", juge Greenpeace.
Mais, selon ces militants, l’article voté comporte un manquement de taille, car les collectivités locales ne sont pas concernées par les obligations. "Les élèves de collèges et lycées ne pourront donc accéder à des options végétariennes que lorsque leurs gestionnaires le décideront", déplore Greenpeace. "C’est peu compréhensible alors que c’est dans la restauration scolaire que nous avons le plus de certitudes sur les impacts positifs d’une option végétarienne quotidienne et que la demande sociétale est particulièrement forte", juge l’association environnementale.
Manger moins de viande : quel impact sur la santé ?
"L’option végétarienne à la cantine est bénéfique pour la santé des enfants sur plusieurs plans", explique Elyne Etienne, de l’Association végétarienne de France. "D’abord parce qu’elle permet aux enfants qui ne mangent pas de viande d’avoir un repas bien équilibré en protéines. Ensuite, le menu végétarien permet des apports supplémentaires en vitamines et en fibres, dont manquent la majorité des enfants, tout en limitant la surconsommation de protéines animales, néfaste pour la santé", poursuit-elle. Elle ajoute : "enfin, le menu végétarien à la cantine augmente le recours au bio, donc limite l’exposition des enfants aux pesticides". Selon une étude publiée dans la revue PNAS, 8 millions de vies pourraient être sauvées d'ici à 2050 si le monde entier arrêtait de manger de la viande, grâce à la baisse de la mortalité liée aux problèmes de surpoids et de pollution atmosphérique.
Précisons néanmoins qu’une alimentation exclusivement végétarienne ou vegan peut générer des carences néfastes pour la santé, notamment chez les enfants et les personnes âgées : l’adopter nécessite d’être vigilant vis-à-vis des apports en protéines notamment.
Un débat politique
Le 15 février dernier, l’adjointe à l’Education de la ville de Lyon avait annoncé la mise en place de repas unique "sans viande" dans les écoles, provoquant une forte division au sein du Gouvernement. Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, qui avait demandé aux élus locaux de "faire le pari" de la viande de jeunes bovins dans les menus scolaires afin de soutenir des éleveurs, s’est notamment confronté à la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, qui a publiquement regretté "un débat préhistorique" autour de menus sans viande dans les cantines à Lyon.