Se concentrer sur une tâche sans être dérangé est souvent un exercice ardu. Pour nous aider, notre cerveau utilise des processus pour faire fi des distractions. Dans un article publié le 19 avril dans la revue Nature Neuroscience, des chercheurs américains de l’institut médical Howard Hugues ont décrit les mécanismes cérébraux impliqués dans la rétention de la mémoire à court terme lorsque des distractions se produisent.
La technique de l’optogénétique
Ces dernières années, les scientifiques ont découvert de nouvelles parties du cerveau impliquées dans les activités locomotrices. Ils ont notamment identifié le cortex moteur latéral antérieur comme acteur clé lorsque le cerveau s’engage dans la planification d’une activité. Dans cette étude, les chercheurs ont voulu aller plus loin et se sont demandés comment le cerveau réagit aux distractions quand il s’est engagé dans cette planification d’activité.
Pour répondre à cette question, les chercheurs ont mené plusieurs expériences sur des souris de laboratoire, qui offrent un modèle de fonctionnement semblable à celui des humains. Ils ont utilisé la technique de l’optogénétique qui permet d’allumer et d’éteindre des populations de neurones génétiquement modifiés pour étudier le fonctionnement des circuits neuronaux grâce à la lumière. Dans cette étude, ils se sont concentrés sur le vibrissal du cortex somatosensoriel et plus précisément sur la partie responsable du traitement des informations de leurs moustaches. Avant cela, les souris ont été entraînés à lécher le côté droit d’un objet lorsque ces neurones sont activés grâce à la technique de l’optogénétique et à lécher le côté gauche en cas de non-activation. Enfin, ils ont demandé aux souris de s'engager dans une activité de planification dans laquelle elles doivent réagir à ce qu'elles ressentent avec leurs moustaches.
Plus les distractions sont intéressantes, plus elles prennent le pas
En activant les neurones des souris pendant leur activité de planification, les chercheurs ont constaté que le moment où interviennent ces distractions ont une influence sur la réponse du cerveau. Si elles arrivent au début de processus de planification, elles ont un impact beaucoup plus important sur la capacité de la souris à se souvenir de la façon dont elle avait prévu de mener son activité. Pour les chercheurs, cela indique que le cortex moteur latéral antérieur peut avoir une capacité de suppression des informations entrantes pour conserver les informations de planification d'origine.
Par ailleurs, les chercheurs ont également noté que les souris peuvent aussi trouver la distraction plus intéressante que les activités qu'elles avaient planifiées. Si cela se produit, elles vont avoir tendance à modifier le degré auquel elles permettent aux informations distrayantes de prendre le pas sur les informations de planification d'origine.