- 83 % des étudiants estiment que leur mauvais état psychologique du à la crise sanitaire a des répercussions sur leurs résultats scolaires.
- 40 % des parents ont déclaré avoir observé des signes de détresse psychologique chez leur enfant lors du premier confinement.
Pour faire face à la détresse psychologique des jeunes due à la crise sanitaire, le gouvernement a annoncé la mise en place de dix séances gratuites chez un psychologue pour les enfants entre 3 et 17 ans, et 3 séances gratuites pour les étudiants (renouvelables une fois).
Les psychologues pour enfant n’ont pas été prévenus en amont du dispositif
Mais les dispositifs, aux intentions louables, coincent à plusieurs niveaux. Concernant les enfants et les adolescents, le forfait baptisé "100% psy enfant" n’existe tout simplement pas encore, notamment parce que les psychologues n’ont pas été prévenus en amont du dispositif.
"Pour certains parents, c'est acquis", témoigne sur France Info Patrick-Ange Raoult, président du syndicat national des psychologues. Agacé de cet "effet d'annonce", il poursuit : "il y a une certaine déception quand le psychologue leur répond que de son côté, il n'a rien à leur proposer. Il y a un décalage très net entre quelque chose qui est dit précipitamment, sans articulation avec la profession" et la réalité du terrain. "Comme si on pouvait claquer des doigts et les psychologues se précipiteraient... ce n'est pas tout à fait comme ça que ça doit fonctionner", déplore-t-il.
Un dispositif trop complexe pour les étudiants
Concernant les étudiants, le dispositif est trop complexe, surtout pour des personnes fragilisées psychologiquement : il faut d’abord se faire prescrire une ordonnance par son médecin généraliste, puis s’inscrire sur la plate-forme en ligne "Santé psy étudiant", et enfin pouvoir consulter un psychologue. Le temps d’accès à la consultation spécialisée est donc trop long pour faire face aux urgences suicidaires, et le dispositif d’accès trop volontariste pour des personnes souvent ralenties par des états dépressif.
Par ailleurs, 6 séances gratuites ne sont pas suffisantes pour traiter des problèmes psychologiques lourds, sachant que les bourses étudiantes ne permettent en général pas d’honorer des frais de santé supplémentaires. "Il est difficile de commencer à raconter son histoire. Si vous arrêtez au bout de quelques séances, vous interrompez la rencontre. Il y a des effets pervers à introduire une rupture dans le parcours de soin", explique dans Le Monde le psychiatre Jean-Christophe Maccotta, responsable du pôle de prévention et d’orientation psychologique de l’université PSL, à Paris. "Que va-t-il se passer quand je vais les lâcher ?", s’inquiète un autre psychologue.