- L’explication à un tel comportement se trouverait dans une volonté de souder les liens sociaux.
- Ces comportements sont plutôt l'effet d'une influence sociale que d'un comportement d'homophilie.
Nos choix alimentaires sont influencés par ceux qui nous entourent. Des chercheurs américains du Mongan Institute Health Policy Research Center au Massachusetts General Hospital (MGH) révèlent que lorsque des collègues mangent ensemble, les personnes sont plus susceptibles de faire les mêmes choix que leurs collègues plutôt que de sélectionner des aliments qui satisferaient une envie particulière. “Nous avons constaté que les individus ont tendance à refléter les choix alimentaires des autres dans leurs cercles sociaux, ce qui peut expliquer une façon dont l'obésité se propage via les réseaux sociaux”, a conclu Douglas Levy, auteur principal d’une étude sur le sujet parue le 22 avril dans la revue Nature Human Behavior.
Un phénomène d’influence sociale plutôt qu’un comportement homophile
Cette recherche confirme l’influence des liens sociaux dans le comportement alimentaire. Les chercheurs ont examiné les choix alimentaires de 6 000 employés du MGH, à travers les sept cafétérias du système hospitalier, pendant deux ans. Grâce aux cartes de service, ils ont pu comparer ces choix en fonction de ceux de leurs collègues. “Un aspect novateur de notre étude a consisté à combiner des types de données complémentaires et à emprunter des outils d'analyse des cercles sociaux pour examiner comment les comportements alimentaires d'un grand groupe d'employés étaient socialement liés sur une longue période”, a précisé Mark Pachucki, professeur de sociologie, et co-auteur de l’étude.
Les résultats ont révélé que les achats de nourriture par des personnes qui se connaissent sont plus souvent semblables que différents. “La taille de l'effet était un peu plus forte pour les aliments sains que pour les aliments malsains”, précise Douglas Levy. L’autre objectif de l’étude a été de déterminer si le choix des proches a influencé le comportement alimentaire ou si les personnes qui ont des modes de vie et des préférences alimentaires similaires sont plus susceptibles de devenir amis et de manger ensemble, un phénomène connu sous le nom d’homophilie. “Nous avons contrôlé les caractéristiques que les gens avaient en commun et analysé les données à partir de nombreuses perspectives, trouvant systématiquement des résultats qui soutenaient l'influence sociale plutôt que des explications sur l'homophilie”, poursuit Douglas Levy.
Changer ses habitudes alimentaires
Pour les chercheurs, l’explication à un tel comportement se trouverait dans une volonté de souder les liens sociaux. “Les gens peuvent changer leur comportement pour cimenter la relation avec quelqu'un dans leur cercle social”, affirme Levy. Les collègues peuvent également se donner implicitement ou explicitement la permission de choisir des aliments malsains ou faire pression pour faire un choix plus sain, avance-t-il.
Par ailleurs, les auteurs notent que ces résultats ont des implications en termes de santé publique, notamment pour prévenir l’obésité. Ils estiment qu’il faut cibler les offres de réduction alimentaire pour des nourritures plus saines, pour inciter plus de gens à mieux manger. “Alors que nous sortons de la pandémie et que nous retournons au travail en présentiel, nous avons la possibilité de manger ensemble d'une manière plus saine qu'auparavant, insisite Mark Pachucki. Si vos habitudes alimentaires façonnent la façon dont vos collègues mangent - même un peu - alors changer vos choix alimentaires pour le mieux pourrait également profiter à vos collègues.”