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Deep Time

Confinés 40 jours dans une grotte sans lumière et sans horloge : les participants sortent demain

Depuis le 14 mars, 15 volontaires ont vécu dans la plus longue grotte d’Europe, en Ariège, sans lumière naturelle ni montre pour mieux comprendre comme l’être humain et son cerveau s’adaptent à un confinement extrême.

Confinés 40 jours dans une grotte sans lumière et sans horloge  : les participants sortent demain mihtiander/iStock




L'ESSENTIEL
  • Les participants étaient à 400 mètres sous terre avec une température constante de 10°C, un taux d'humidité à 100% et aucun indicateur de temps.
  • Tout un tas d'examens sur le cerveau, mais pas que, ont été mené avant, pendant et seront réalisés six mois après la sortie.
  • Le téléphone d'urgence n'a pas sonné, preuve que rien de grave n'a eu lieu.

Ce samedi matin, les sept femmes et huit hommes enfermés dans la grotte de Lombrives en Ariège vont refaire surface, quarante jours après s’être enterrés. Pour les besoins de l’expérience scientifique Deep Time, ces quinze volontaires ont pris séjour dans la plus longue grotte d’Europe où règnent une température constante de 10°C, un taux d'humidité à 100% et aucun indicateur de temps. À 400 mètres sous terre, ils ont été suivi par une équipe de scientifiques du CNRS, de l’Inserm et de l’ENS, sous le haut patronage du Ministère de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur, pour analyser les comportements du cerveau face à une situation où il est privé de tout repère temporel

Le téléphone d’urgence n’a pas sonné

Ce jeudi 22 avril, à 20 heures, l’expérience scientifique a pris fin. La sortie des participants, elle, ne se fait que deux jours plus tard, samedi 24 avril, pour permettre au corps et à l’esprit de passer par un “sas de décompression” nécessaire après une telle aventure. “Il y aura certainement un mix d’émotions. De la joie, de la tristesse, de l’hystérie, de l’excitation. On ne sait pas encore... Mais ils ont tenu jusque-là ! Ils sont en revanche très décalés, ils pensent en être au 30ème jour !”, a révélé Mélusine Mallender, directrice en charge des projets Deep Time, à France 3. Le téléphone d’urgence n’a pas sonné pendant l’expérience, preuve qu'aucun accident majeur n'a eu lieu.

L’idée de cette expérience a germé dans la tête de Christian Clot, explorateur et chercheur depuis plusieurs années sur les capacités d’adaptation du cerveau. Ce franco-suisse fait partie des 15 participants enfermés sous terre depuis le 14 mars. Il a eu l’idée de cette  expérience après les confinements successifs et les restrictions imposées depuis une année. Sa réflexion se fonde notamment sur une étude qui a montré que 40% des personnes avaient perdu la notion du temps ou la capacité de se projeter sur le long terme. Il a souhaité aller plus loin et examiner les effets d’un confinement extrême sur le cerveau.

Des tests avant, pendant et après

Au-delà du cerveau, c’est tout un tas d’examens qui ont été mené sur les volontaires pendant les 40 jours dans la grotte. Des premiers tests ont été passé avant qu’ils pénètrent sous terre. Ils vont désormais repasser les mêmes tests, puis une troisième batterie d'examens dans 6 mois. “À commencer par la chronobiologie, affirme Mélusine Mallender. Quel a été leur rythme pendant cet enfermement ? A t-il été allongé ? Leurs rythmes se sont-ils synchronisés ? Y a t-il eu une modification du cerveau ? Des IRM seront réalisés à la sortie pour en savoir davantage. Quel a été l’impact psychologique de l’expérience sur chacun d’entre eux ? On observera également la masse corporelle, l’orientation et à l’inverse la désorientation, des protocoles concernant l’odorat sont aussi mis en place.

Il faudra patienter un peu pour avoir les résultats. “On en a pour minimum un an de travail pour tout exploiter. D'ailleurs il va falloir commencer par regarder la qualité de nos données”, estime Etienne Koechlin, le créateur du laboratoire Inserm de l'École normale supérieure (ENS) sur les neurosciences cognitives computationelles qui fait partie de l’équipe de scientifiques qui a supervisé l’expérience, à Sciences et avenir. Au-delà d’en apprendre plus sur le cerveau et le comportement humain dans de telles conditions, les données pourraient servir pour de futures missions dans l’espace où le confinement est semblable à celui vécu par les quinze volontaires.

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