Le 26 mars dernier, les équipes de chirurgie cardiaque et d’anesthésie-réanimation du centre hospitalier universitaire (CHU) de Rennes ont réussi à maintenir un cœur en vie pendant six heures sans qu’il ne soit dans un corps humain. Pour cela, ils ont utilisé la technologie américaine “Organ Care System” qui permet de transporter un cœur sur une plus longue distance pour, in fine, le greffer à un patient.
De quatre à six heures de transport grâce à “Organ Care System”
Pour transporter un cœur prélevé, la technique habituelle consiste à le conserver dans la glace. Mais ce procédé ne permet que quatre heures de transport, limite au-delà de laquelle l’organe peut être endommagé et n’est donc plus transplantable. Avec “Organ Care System”, ce délai est allongé de deux heures, pour un total de six heures. La raison est due au procédé utilisé. Ici, grâce à une machine, le cœur prélevé est perfusé en sang oxygéné pendant tout le temps du voyage, ce qui permet une meilleure conservation. Ainsi, les équipes du CHU de Rennes ont pu prendre l’avion et la voiture pour acheminer l’organe jusqu’au patient receveur.
En Grande-Bretagne, cette technique permet de réanimer un coeur
Lors de l’intervention, les équipes du CHU de Rennes ont prélevé un patient donneur en état de mort cérébrale, mais dont le cœur battait encore quand il a été installé dans la machine d’”Organ Care System”. En Grande-Bretagne, les médecins sont allés plus loin. Ils ont réussi à réanimer, via ce procédé, des cœurs qui ne battaient plus quand ils ont été prélevés chez des donneurs décédés. Ainsi, grâce à cette technique, l’Angleterre aurait augmenté de 30% le nombre de ses transplantations cardiaques. Une innovation très intéressante donc, mais dont le seul bémol reste son coût : plusieurs centaines de millions d’euros pour une machine et 30 000 à chaque intervention, ainsi que les frais de déplacements de l’équipe.
La durée de conservation du coeur, un facteur de risque lors de la transplantation
“Appliquée au cœur, au foie ou encore aux poumons, cette approche fait entrer la greffe dans une nouvelle ère, sans jamais remettre en cause l’efficacité des techniques plus “traditionnelles” de conservation par le froid”, estime le CHU de Rennes sur son site internet. Actuellement, seuls trois hôpitaux disposent d’”Organ Care System” en France. Il s’agit des établissements de Lille, Marseille et Rennes. Mais, si cette technique se généralise, elle pourrait augmenter le nombre de greffes réalisées car l’un des facteurs de risque majeur lors d’une transplantation est la durée de conservation du cœur. Selon la Fédération Française de Cardiologie, 500 patients reçoivent une greffe cardiaque chaque année en France. Mais il y a une pénurie dans l’hexagone, évaluée à deux receveurs pour un donneur seulement.