- Les effets du cannabis sur les patients atteints de troubles du rythme cardiaque étaient mal connus
- On sait aujourd'hui qu'en cas de fibrillation atriale, le risque de décès est 4,5 fois supérieur
- En dehors de ses effets psychotropes, le cannabis est mauvais pour le coeur, la circulation sanguine et les poumons
Les personnes souffrant d’arythmie cardiaque et consommant du cannabis auraient un risque de mortalité à l'hôpital 4,5 fois plus élevé que ceux n’ayant pas arythmie, selon une étude présentée à l'EHRA 2021, un congrès scientifique en ligne de la Société européenne de cardiologie (ESC) qui a lieu jusqu’au dimanche 25 avril. Les chercheurs ont voulu évaluer les répercussions de la consommation de cannabis chez les patients atteints de troubles cardiaques. Pour cela, ils ont analysé sur les données de 2 457 544 adultes consommateurs de cette substance et ayant été hospitalisés entre 2016 et 2018. Parmi ceux-ci, 187 825 - soit 7,6% - souffraient d’une arythmie. “Les gens doivent être conscients de cet effet néfaste et rester prudents lorsqu'ils consomment du cannabis s'ils souffrent d’un problème cardiaque”, souligne Sittinun Thangjui, l’un des auteurs de l’étude.
1,5 million de français consomment régulièrement du cannabis
L’arythmie est une perturbation du rythme cardiaque normal, dans sa fréquence et dans sa régularité. Il existe plusieurs types de troubles du rythme, très différents quant à leur retentissement sur le fonctionnement du cœur. Les personnes analysées au cours de cette étude souffraient principalement de fibrillation atriale, un trouble cardiaque qui peut être responsable de palpitations. Ensuite, certains avaient une fréquence cardiaque anormalement lente ou, à l’inverse, trop rapide. Jusqu’à présent, les connaissances sur les effets de la consommation de cannabis chez ces patients était limitée.
Le cannabis, substance aussi appelée marijuana, renferme un principe actif hallucinogène, le tétrahydrocannabinol, ou THC. On en trouve sous trois formes : l’herbe séchée, la résine et l’huile. Les deux premières se fument tandis que la troisième est plus généralement consommée avec une pipe. Ses effets comportent une phase d’euphorie, puis d’extatique et enfin de sommeil. En France, le cannabis est considéré comme un stupéfiant, rendant sa consommation condamnable. Pourtant, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies estime qu’il y aurait cinq millions d’usagers avec au moins une prise dans l’année, dont 1,5 million ayant une consommation régulière.
Un risque élevé de mortalité et des hospitalisations plus longues
Lors de leurs travaux, les scientifiques ont séparé les patients consommateurs de cannabis en deux groupes : ceux souffrant d’arythmie - qui étaient plus âgés - et ceux n’ayant pas de troubles cardiaques. En moyenne, ils avaient respectivement 50,5 ans contre 38,8 ans. Ainsi, les chercheurs ont pu analyser les décès survenus à l’hôpital dans chacun de ces deux groupes et les comparer. Selon leurs résultats, les consommateurs de cannabis souffrant d'arythmie avaient un risque de mortalité à l'hôpital 4,5 fois plus élevé que ceux sans arythmie. De plus, ces patients étaient aussi hospitalisés plus longtemps : 5,7 jours contre 5,1 jours pour ceux n’ayant pas de troubles cardiaques. “Notre étude souligne que les troubles du rythme cardiaque peuvent alerter sur un risque de décès plus important chez les personnes qui consomment du cannabis, explique Sittinun Thangjui. D'autres études seront nécessaires pour confirmer nos résultats. En attendant, il semble judicieux de dépister les arythmies de ces patients lorsqu’ils se présentent à l’hôpital afin que ceux ayant un problème de rythme cardiaque puissent être davantage surveillés."
L'an dernier, dans la revue Circulation, l’American Heart Association pointait déjà les effets néfastes de la consommation de cannabis sur le cœur, les poumons et les vaisseaux sanguins. Un enjeu de santé publique puisque 45 % des français de 18 à 64 ans auraient déjà expérimenté, au moins une fois, cette substance.