- Dans une première étude, les chercheurs ont démontré qu'une forme modifiée de ce récepteur de l'hormone prolactine était associée à l'apparition du cancer du sein triple négatif.
- Dans une seconde étude, ils ont mis en évidence l'action d'un inhibiteur appelé HDAC6 pour réduire la croissance de la tumeur.
- Ces nouveaux travaux ouvrent la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques ciblant le récepteur de la prolactine.
Naturellement sécrétée chez les femmes durant la grossesse et l’allaitement, la prolactine est-elle impliquée dans le développement du cancer du sein ? C’est ce qu’affirment deux nouvelles études, menée au Massey Cancer Center de la Virginia Commonwealth University, située aux États-Unis. Dans ces nouveaux travaux publiés dans npj Breast Cancer, les chercheurs apportent des preuves solides selon lesquelles une forme modifiée du récepteur de l’hormone prolactine entraîne directement le cancer du sein.
"Cette recherche remet en question le dogme selon lequel la prolactine ne fonctionne que dans la production de lait et met en évidence la découverte unique que l'hormone peut contribuer au cancer du sein, affirme Charles Clevenger, chercheur au Massey Cancer Center et auteur principal. En comprenant la corrélation entre le récepteur de la prolactine et le cancer du sein, de nouveaux agents thérapeutiques et pronostiques peuvent être développés pour traiter efficacement la maladie."
Une forme modifiée du récepteur de prolactine impliquée dans le cancer du sein
Les hormones possèdent à leur surface cellulaire des protéines appelées récepteurs. Ces récepteurs reçoivent et envoient des messages biologiques et régulent ainsi la fonction cellulaire. La prolactine est aussi dotée d’un récepteur. Les chercheurs ont découvert en laboratoire qu’une forme modifiée de ce récepteur de la prolactine, appelée isoforme intermédiaire du récepteur humain de la prolactine (hPRLrI), entraînait l’apparition du cancer du sein.
Cette version modifiée du récepteur de la prolactine interagit avec d'autres formes du récepteur pour transformer des cellules mammaires bénignes en cellules maligne. Les expériences ont montré que la présence de hPRLrI dans les cellules cancéreuses du sein était associée au cancer du sein triple négatif, à un taux rapide de reproduction cellulaire et à des résultats médiocres.
Selon le Pr Clevenger, ces résultats laissent entrevoir l’espoir de concevoir prochainement des médicaments qui cibleront spécifiquement le hPRLrI.
Ralentir la progression de la tumeur grâce à un inhibiteur spécifique
Dans une étude distincte publiée dans Endocrinology, les mêmes chercheurs ont considérablement empêché la croissance tumorale dans des modèles précliniques de cancer du sein ER-positif en utilisant un inhibiteur HDAC6, un médicament qui bloque une protéine associée à la prolactine.
Dans une précédente étude, le Dr Clevenger avait déjà réussi en laboratoire à freiner la croissance du cancer du sein en désactivant Stat5, la voie génétique responsable de la production de prolactine. Il met ici en évidence que la fonction de régulation de la prolactine de Stat5 dépend de deux facteurs : d’une part de l'enzyme histone désacétylase-6 (HDAC6) et du gène HMGN2.
Le scientifique pense également que le récepteur des œstrogènes (RE), une hormone dont on pense généralement qu'elle influence le développement du cancer du sein, interagit fortement et presque exclusivement avec Stat5 sur des sites où HDAC6 et HMGN2 étaient également présents. Cela suggère que le récepteur des œstrogènes et le récepteur de la prolactine peuvent coopérer par l'activation de la voie génétique Stat5 pour initier le développement du cancer du sein. Le traitement des cellules cancéreuses du sein ER-positives avec un inhibiteur de HDAC6 a considérablement ralenti la progression de la tumeur.
"L'analyse globale de l'expression des gènes a de nouveau révélé que la prolactine est étroitement associée à la croissance du cancer du sein et qu'elle peut être atténuée par un traitement à l'aide d'un inhibiteur d'HDAC6", conclut le Pr Clevenger.