- Chez les femmes ayant accouché par voie basse sans complication, la prescription d'opioïdes multiplie le risque d'événement grave lié à leur prise tels que l'overdose, l'addiction et le décès.
- Ce risque est présent quelle que soit la dose d'analgésique prescrite, ce qui doit inciter les prestataires de soins cliniques à examiner à envisager d'autres alternatives avant de prescrire des opioïdes aux femmes venant d'accoucher.
Aux États-Unis, l’usage et la consommation d’opioïdes est un problème majeur de santé publique. Initialement prescrits pour soulager certains patients atteints de cancer, ces puissants médicaments dérivés de la morphine ont été détournés de leur usage initial et couramment utilisés comme des drogues.
Malgré les récentes mesures pour restreindre leur accès et contraindre les laboratoires pharmaceutiques à prendre leurs responsabilités, près de 200 Américains trouvent chaque jour la mort suite à une overdose à ces médicaments antidouleurs. 72 000 personnes en sont mortes en 2017 outre-Atlantique, soit plus qu'à cause des armes à feu et des accidents de la route combinés.
L’usage de ces opioïdes est d’autant plus controversé aujourd’hui qu’il a été prouvé qu’une seule prise peut déclencher une forte addiction. Une nouvelle étude, menée par des chercheurs du Vanderbilt University Medical Center et publiée dans la revue Women's Health Issues apporte de nouvelles preuves de ce danger. Selon les auteurs, les mères recevant des opioïdes après un accouchement par voie basse sans complication sont confrontées à un risque accru d'événements graves liés aux opioïdes. Et ce, quelle que soit la dose d’opioïdes qui leur a été administré.
Aucune prise d’opioïdes, même minime, n’est sans risque
L'étude a porté sur environ 147 000 femmes suivies entre 2007 et 2014, et qui ont accouché et ont reçu une ou plusieurs prescriptions d'opioïdes avant l'accouchement.
L'étude a révélé que le fait de recevoir une ordonnance ambulatoire d'opioïdes dans les quatre jours suivant l'accouchement par voie basse était associé à un risque accru de développer un événement grave lié aux opioïdes. Cela comprend un risque d’overdose, un risque d’addiction et celui de décès.
Les résultats montrent également que même les femmes s’étant vu prescrire moins de 100 MME (équivalent milligramme de morphine) - ce qui équivaut à peu près à 20 pilules d'hydrocodone ou 13 pilules d'oxycodone (dosées à 5 mg) - ont été confrontées à une augmentation de 52 % du risque d'événement grave lié aux opioïdes par rapport à celles qui n'ont pas fait exécuter d'ordonnance. "Nous voulions répondre à la question de savoir si les prescriptions à faible dose étaient totalement sûres, et il s'avère que même les prescriptions à faible dose comportent un certain risque accru de mauvais résultats", explique Andrew Wiese, professeur adjoint de politique de santé à la division de pharmacoépidémiologie.
D’après les résultats, un grand nombre des événements liés aux opioïdes se produisent après la période traditionnelle de 42 jours du post-partum.
Pour le Pr Wiese, la principale conclusion à tirer de cette étude est qu’il est indispensable pour les cliniciens, et en particulier ceux du secteur de l'obstétrique et de la gynécologie, de peser le pour et le contre avant de prescrire des opioïdes aux femmes après un accouchement par voie basse. "Notre observation selon laquelle il n'existe pas de dose d'opioïdes ‘sûre’ soulève de sérieuses inquiétudes et devrait vraiment obliger les chercheurs et les prestataires de soins cliniques à examiner de près nos pratiques de prescription habituelle d'opioïdes pour les accouchements vaginaux sans complication, même à faible dose, dans le Tennessee et au-delà", conclut-il.