Le premier traitement préventif anti-Covid va-t-il voir le jour ? Dans un essai clinique de phase 3, le nitazoxanide aurait montré son efficacité pour éviter que l’infection au SARS-CoV-2 ne dégénère et aboutisse à une forme grave de Covid-19. Mené aux États-Unis, l’essai randomisé confirmerait que le traitement aux propriétés antivirales et anti-inflammatoires est bien toléré par les patients et efficace sur pour les populations naïves, c’est-à-dire qui n’ont pas été précédemment infectées. Les résultats ont été pré-publiés le 20 avril dernier dans la revue medrXiv et restent dans l'attente d'une vérification par des pairs.
Une réduction de 85% du taux de progression vers une forme grave
L’essai de phase 3 a porté sur 1 092 patients, entre août 2020 et janvier 2021, dans 36 centres différents aux États-Unis et à Porto Rico. Pour étudier les effets de ce traitement sur les patients récemment infectés, ils devaient présenter un minimum de symptômes, tels que des difficultés respiratoires, de la fatigue ou encore une perte du goût ou de l’odorat, depuis moins de 72 heures. Au total, 379 patients parmi la cohorte recrutée ont répondu à ces critères et reçu le médicament. Parmi eux, environ les deux tiers étaient porteurs d’au moins un facteur de risque pouvant favoriser l’évolution vers une forme grave. Les malades ont été suivis pendant 28 jours, à la fois cliniquement mais aussi biologiquement puisque les chercheurs ont régulièrement mesuré la présence d’anticorps.
Les chercheurs ont étudié le temps de réponse au traitement, l’évolution des signes cliniques quantifiés par des échelles de score et de la charge du virale. Ils ont également examiné le taux de réduction des hospitalisations et le taux d’évolution vers les formes graves. Le nitazoxanide a été donné aux patients sous forme d’un comprimé oral à libération prolongée qui assure une action continue du traitement qui a été testé avec deux prises quotidiennes pendant cinq jours.
Un environnement défavorable à la progression du virus
Les résultats montrent que le nitazoxanide réduirait de 79% le taux d’hospitalisation par rapport au placebo et de 85% le taux de progression vers une forme grave. Ces résultats se seraient confirmés peu importe si les patients présentent ou non un facteur de risque. Par ailleurs, le médicament aurait été bien toléré par les participants.
Le nitazoxanide agit de différentes manières pour empêcher le SARS-CoV-2 de provoquer des dégâts chez l’hôte au travers de plusieurs mécanismes immuno-modulateurs. Ce traitement n’attaque pas de front le virus mais crée un environnement défavorable à sa progression. Ce médicament a un effet inhibiteur sur les principales protéines virales produit par le virus. Il réduit également la charge énergétique des cellules infectées par le virus, diminuant sa capacité à se multiplier. Il inhibe aussi les cytokines qui sont à l’origine de la sur-inflammation et des formes graves de Covid-19. Il est capable de bloquer un site de la protéine Spike, qui permet au virus de s’accrocher aux cellules hôtes, qui est une source fréquente de mutants.