Les tremblements sont le symptôme le plus connu de la maladie de Parkinson. Mais cette pathologie peut avoir d’autres conséquences : raideurs, difficultés motrices, fatigue ou encore hallucinations. Dans la revue Science Translational Medicine, des chercheurs suisses publient les résultats d’une étude réalisée sur ce dernier symptôme. "Les hallucinations représentent un défi car elles peuvent apparaître spontanément, sans que l’on puisse prédire leur occurrence, de nombreux patients ne les signalent pas, peut-être à cause de la peur, explique Fosco Bernasconi, l’un des co-auteurs de l’étude. C’est un vrai challenge pour les scientifiques de quantifier leur occurence, leur phénoménologie et leur intensité." Ce défaut d’informations induit un diagnostic souvent compliqué. Les chercheurs estiment qu’il est difficile pour les professionnels de santé non-formés ou non-équipés de détecter les hallucinations chez leurs patients. Toutefois, ils estiment que près de la moitié des patients en souffrent.
Comment déclencher des hallucinations ?
En 2014, Olaf Blanke, neuroscientifique de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, a constaté qu’il était possible de déclencher des hallucinations chez des individus en bonne santé grâce à un robot et des signaux spécifiques. Dans cette nouvelle étude, il a poussé cette découverte plus loin, en l’appliquant à des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
Cette fois, le chercheur et son équipe ont recruté 26 individus atteints de cette pathologie. Il leur a été demandé de donner des coups de poing dans le vide, pendant que, derrière eux, un bras robotisé avait été préalablement placé. Il a été programmé pour faire le même geste mais de manière désynchronisée. De cette façon, les patients ont ressenti des hallucinations. "J’ai senti une présence, raconte Joseph Rey, l’un des participants, comme si quelqu’un était derrière moi et touchait mon dos." Les patients ayant déjà ressenti des hallucinations étaient plus sensibles à la stimulation du robot, en comparaison à ceux n'en ayant jamais souffert.
Un nouveau biomarqueur ?
Dans la seconde partie de l’étude, les chercheurs se sont intéressés aux réseaux neuronaux responsables de l’apparition des hallucinations. Ils ont réussi à prédire précisément la sévérité des symptômes grâce à des IRM cérébraux.
"Adapter l’outil robotisé et la procédure au scanner nous a permis d’identifier un réseau cérébral qui est utile pour détecter la présence d’hallucinations chez les malades de Parkinson, et cela pourrait servir de biomarqueur pour les formes les plus sévères de la maladie, associées à des hallucinations et des déficits cognitifs", indique Eva Blondiaux, l’une des co-autrices de l’étude. Ce n’est pas un remède, ni même un traitement, mais cela fournit un nouvel outil de diagnostic pour les professionnels de santé.