- La perte de l’odorat toucherait de façon transitoire entre 60% et 80% des personnes contaminées et 10% de manière persistante.
- Les quatre odeurs utilisées sont le clou de girofle, la rose, le citron et l’eucalyptus mais il peut être bénéfique de se concentrer sur des odeurs familières et de changer toutes les 12 semaines.
- Cet entraînement fonde son efficacité sur la stimulation de la neuroplasticité, la capacité du cerveau à se réorganiser pour compenser un changement ou une blessure.
C’est l’un des symptômes les plus emblématiques d’une infection au SARS-CoV-2. L’anosmie, soit la perte de l’odorat, toucherait de façon transitoire entre 60% et 80% des personnes contaminées. Si la majorité des patients parviennent à se rétablir naturellement quelques jours, voire quelques semaines, après l’infection, certains ne retrouvent jamais complètement leurs capacités olfactives. On estime à environ 10% la proportion de patients qui ont des symptômes persistant pendant plusieurs mois.
La stimulation de la neuroplasticité
Des chercheurs pourraient bien avoir trouvé la parade. Dans une étude parue le 16 mars dans l’International Forum of Allergy and Rhinology, une cohorte de scientifiques internationaux propose une technique simple et efficace : humer au moins quatre arômes deux fois par jour. Traditionnellement, les quatre odeurs utilisées sont le clou de girofle, la rose, le citron et l’eucalyptus, mais il peut être bénéfique de se concentrer sur des odeurs familières comme les parfums ou des épices que l’on a l’habitude d’utiliser en cuisine. Pour obtenir les meilleurs résultats, il est conseillé de changer les quatre odeurs de référence toutes les 12 semaines. La rééducation olfactive peut durer longtemps mais elle permettrait de récupérer son odorat de façon plus complète et sans effets secondaires. “En tant que groupe d’experts, nous insistons fortement sur la prise en compte initiale de l’entraînement olfactif, ont-ils écrit. L’entraînement olfactif n’a aucun effet secondaire connu et est peu coûteux. De plus, c’est le seul traitement disponible soutenu par une solide base de preuves.”
Ces preuves, les scientifiques les ont apportées dans leur étude qui a porté sur 1 363 patients souffrant de Covid-19 et présentant un dysfonctionnement olfactif. Celle-ci a révélé que 95% des patients ont retrouvé leur odorat au bout de six mois après avoir suivi senti au moins quatre arômes deux fois par jour. Cet entraînement fonde son efficacité sur la stimulation de la neuroplasticité. “Il vise à favoriser la récupération en s’appuyant sur la neuroplasticité - la capacité du cerveau à se réorganiser pour compenser un changement ou une blessure”, précise Carl Philpott, chercheur à l’université d’East Anglia, au Royaume-Uni. Cela explique pourquoi les personnes âgées, qui possèdent moins de neurones récepteurs olfactifs, mettent plus de temps à retrouver l’odorat.
Les stéroïdes, un manque de données
Certains optent pour une autre technique : les stéroïdes. Leur utilisation reste cependant contestée et n’est pas sans effets secondaires. Ils peuvent conduire à une rétention d’eau, à de l’hypertension artérielle ou encore des sautes d’humeur. Ces médicaments sont couramment prescrits pour traiter la congestion et l’inflammation nasale mais cela ne semble pas être la cause du dysfonctionnement olfactif chez les personnes atteintes de Covid-19. Les chercheurs précisent toutefois ne pas disposer de suffisamment de preuves pour exclure avec certitude cette option thérapeutique. “Jusqu’à ce que des essais randomisés et contrôlés par placebo puissent être entrepris, nous devrions commencer par l’entraînement olfactif et non par les stéroïdes”, ont-ils conclu.