C’est une étude qui changera peut-être vos habitudes pour les prochaines vacances. À l’heure des réseaux sociaux, et notamment d'Instagram, où il est de bon goût de tout photographier, des chercheurs américains de l’université new-yorkaise de Binghamton affirment que pour profiter de l’instant présent, mieux vaut capturer le moment avec ses yeux qu’avec son appareil photo. Dans une étude publiée le 8 février dans le Journal of Applied Research in Memory and Cognition, ils ont constaté que ceux qui se contentent de regarder avec les yeux mémorisent mieux les détails de ce qu’ils observent.
Photographier au détriment de sa mémoire
Prendre une photo d'un objet améliore-t-il ou altère-t-il la mémoire ? “La littérature est actuellement mitigée, certaines études montrant des déficiences et d'autres études montrant des améliorations, répondent les auteurs de l’étude. Il est possible que la simple réalisation de deux tâches à la fois (visualisation et photographie) entraîne une altération de la mémoire des objets photographiés.”
Ils ont mené une série d'expériences pour tester le souvenir de 525 volontaires à qui ils ont montré diverses œuvres d'art, notamment des peintures, des croquis et des photographies. Ils ont dû photographier certaines de ces œuvres et simplement observer les autres. Par la suite, ils ont effectué des tests qui ont permis aux chercheurs d’examiner leur mémoire perceptive, qui se réfère à des détails particuliers et calcule la similitude d'un objet à un autre, et conceptuelle, qui se base sur des idées et des concepts permettant de se souvenir d’un objet en fonction de son action.
Se concentrer sur l’acte photographique plutôt que l’œuvre
Après cinq expériences, les chercheurs ont constaté que l’œuvre photographiée est moins bien mémorisée que celle qui a été regardée uniquement avec les yeux. Ce résultat s’est confirmé après un délai court (20 minutes) et long (48 heures) entre la visualisation et le rappel. Pour eux, cela s’explique par le fait que prendre des photos en permanence altère la mémoire des évènements en nous obligeant à nous concentrer sur l'acte de prendre des photos plutôt que sur l’œuvre elle-même.