Notre comportement au volant est parfois révélateur de notre état physique ou psychologique, en cas de stress ou de fatigue par exemple. Dans la revue Geriatrics, une étude indique même qu’il pourrait être un signe de démence. Une équipe de recherche a étudié les liens entre données démographiques, informations sur la conduite et risque de démence.
Des données jugées fiables
Les données de près de 3 000 personnes âgées de 65 à 79 ans, sans diagnostic de démence ni de maladie d’Alzheimer, ont été utilisées dans cette étude. Elles ont été récoltées grâce à des appareils placés dans leurs véhicules. Elles pouvaient renseigner sur le nombre de freinages d’urgence, sur le type de trajets effectués, leur longueur, etc. Sur l’ensemble de ces personnes, 33% ont été diagnostiquées pour des troubles cognitifs à l’issue de l’étude et 31% souffraient de démence. Avec ces différentes données, les chercheurs ont mis au point un algorithme permettant de prédire le risque de démence ou de maladie d’Alzheimer des participants. "Grâce aux variables tirées des données sur la conduite et des caractéristiques démographiques basiques comme l’âge, le sexe, la race/le groupe ethnique et le niveau d’éducation, nous avons pu prédire les troubles cognitifs et la démence avec une précision de 88%", se félicite Sharon Di, professeure d’ingénierie civile et mécanique au sein de l’université de Colombia et autrice principale de cette étude. Les modèles basés uniquement sur les caractéristiques démographiques ont une précision de 29%, contre 66% pour ceux fondés uniquement sur les données de conduite. L’âge reste le principal facteur dans le risque de démence, précisent les chercheurs.
Un futur outil de diagnostic ?
"La conduite est une tâche complexe, qui implique différents processus cognitifs dynamiques et qui requiert des fonctions cognitives essentielles et des capacités motrices, souligne Guohua Li, co-auteur de la recherche. Notre étude montre que les comportements au volant peuvent être utilisés comme des marqueurs de la démence et des troubles cognitifs." Si les résultats obtenus par l’algorithme sont validés, le scientifique et son équipe espèrent pouvoir mettre au point un outil capable de détecter précocement les signes de démence chez les conducteurs âgés.