- L'avocatine B, une molécule grasse présente dans l'avocat, pourrait permettre de mieux traiter la leucémie aiguë myéloïde, une forme très agressive de cancer du sang.
- Cette molécule cible une enzyme essentielle à la croissance des cellules cancéreuses.
Pouvant survenir à tout âge, mais la majorité des cas se déclarant après 40 ans, la leucémie aiguë myéloïde est un cancer du sang à l’installation très rapide, lié à la multiplication incontrôlée de cellules immatures, des blastes anormaux, dans la moelle osseuse. Ces cellules immatures ne se transforment plus en cellules matures normales telles qu’ont les retrouvent dans le sang : elles vont s’accumuler dans la moelle et progressivement l’étouffer. Moins de 10 % des patients survivent cinq ans après le diagnostic.
Une nouvelle étude de l’université de Guelph (Canada) et publiée dans la revue Blood met en évidence l’efficacité d’un composé présent dans les avocats pour traiter la maladie, et ainsi réduire le risque de mortalité.
Une molécule uniquement présente dans l’avocat
Appelé avocatine B, ce composé "cible une enzyme que les scientifiques ont identifié pour la première fois comme étant essentielle à la croissance des cellules cancéreuses", explique le Dr Paul Spagnuolo, du département des sciences alimentaires de l’université de Guelph, et auteur principal des travaux.
Pour croître et survivre, les cellules leucémiques produisent des quantités importantes d’une enzyme appelée VLCAD. "C'est la première fois que la VLCAD est identifiée comme une cible dans un cancer", affirme le Dr Spanuolo.
L’équipe de recherche a passé au crible des composés nutraceutiques (tout aliment qui a une action bénéfique sur l'organisme) afin d’en trouver un susceptible d'inhiber l'enzyme. "Et voilà que le meilleur était dérivé de l'avocat", a déclaré M. Spagnuolo.
Des effets anti-diabète et anti-obésité démontrés
Dans une précédente étude publiée dans Molecular Nutrition and Food Research, la même équipe de recherche avait montré que l’avocatine B permettait de lutter contre le diabète de type 2 et l’obésité. Concentrée sous forme de suppléments, la molécule était capable de réduire la résistance à l’insuline sans effets indésirables sur les reins, le foie ou les muscles.
Désormais, les chercheurs se concentrent sur son utilisation auprès des patients atteints de leucémie. "Le VLCAD peut être un bon marqueur pour identifier les patients adaptés à ce type de thérapie. Il peut également servir de marqueur pour mesurer l'activité du médicament, estime le Dr Spagnuolo. Cela ouvre la voie à une éventuelle utilisation de cette molécule dans des essais cliniques sur l'humain."