- Présentée lors de la réunion annuelle de l'American Physiological Society à Experimental Biology 2021, une nouvelle étude montre que les femmes présentent un risque cardiaque supérieur aux hommes en cas d'obésité et de régime riche en sel.
- En cause : la réaction différenciée à deux hormones, la leptine et l'aldostérone. Chez les femmes, la production de ces deux hormones participe à la calcification des vaisseaux sanguins, ce qui augmente l'hypertension artérielle, et donc le risque cardiaque.
De nombreuses études ont montré que l’obésité et un régime riche en sel étaient deux facteurs importants d’hypertension artérielle. Selon une nouvelle étude, menée par le Medical College of Georgia de l'université d'Augusta (États-Unis), le risque cardiovasculaire serait plus important chez les femmes que chez les hommes. Les résultats ont été présentés cette semaine lors de la réunion annuelle de l'American Physiological Society à Experimental Biology 2021.
"Nous voyons des femmes de plus en plus jeunes souffrir de maladies cardiovasculaires et la question est de savoir quelle en est la cause, explique le Dr Eric Belin de Chantemele, auteur principal des travaux. Nous pensons que le fait que les femmes soient plus sensibles au sel et plus sensibles à l'obésité fait partie des raisons pour lesquelles elles ont perdu la protection naturelle que la jeunesse et les œstrogènes sont censés leur apporter."
Le rôle de la leptine, qui rigidifie les vaisseaux sanguins
Chez les femmes préménopausées, l'hormone sexuelle œstrogène possède en effet certains pouvoirs protecteurs comme celui de maintenir les vaisseaux sanguins plus souples. Pourtant, avec la montée en flèche des taux d'obésité sévère chez les jeunes femmes, les maladies cardiaques sont aujourd'hui la troisième cause de décès chez les femmes âgées de 20 à 44 ans.
Les chercheurs ont montré qu’une mauvaise alimentation, trop grasse, trop sucrée et trop salée était un facteur de risque majeur d'hypertension pour les deux sexes, mais que l'obésité et la consommation élevée de sel constituaient des risques encore plus importants pour les femmes. En cause, selon eux : des niveaux naturellement plus élevés de deux hormones appelées leptine et aldostérone.
La leptine est l'"hormone de la satiété", qui indique au cerveau d'arrêter de manger lorsque l'estomac est plein. Cependant, en cas d’obésité, le cerveau n'écoute généralement pas le message dans son intégralité, même si le système cardiovasculaire commence à recevoir des signaux malsains. L’étude montré que, chez les femmes, la leptine incite les glandes surrénales, qui produisent l'aldostérone, à fabriquer encore plus de ce puissant constricteur des vaisseaux sanguins.
Résultat : l'obésité entraîne une augmentation plus importante de la pression artérielle chez les femmes. De précédentes études ont par ailleurs montré que les femmes sont également plus sujettes aux dysfonctionnements vasculaires associés à l'obésité, comme des vaisseaux sanguins plus rigides et donc moins aptes à se dilater.
Des traitements différenciés pour les femmes et les hommes
L’aldostérone, qui permet de réguler le volume sanguin, est l’autre hormone impliquée dans l’augmentation du risque cardiaque chez les femmes. Produite par les glandes surrénales, elle aide aussi l’organisme à maintenir un équilibre en sel. Chez les femmes, des niveaux d’aldostérone élevés sont responsables de hauts niveaux de sodium, ce qui augmente aussi le volume sanguin. Or, un apport élevé en sodium augmente la pression artérielle en favorisant la rétention d'eau, en particulier chez les femmes.
Ainsi, des expériences menées sur des souris femelles ont montré qu'en sept jours seulement de régime riche en sel, la capacité des souris femelles à détendre les vaisseaux sanguins diminuait à mesure que la pression artérielle augmentait. Un traitement à l'éplérénone, un agoniste de l'aldostérone, a permis de corriger ces deux phénomènes.
Le fait que les femmes et les hommes ne réagissent pas de la même manière à des niveaux de sel identiques amène les auteurs de l’étude à conclure que des traitements différents selon le sexe seraient sans doute pertinent pour réduire le risque cardiaque.