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Pédiatrie

Morts subites du nourrisson : les oreillers, peluches et tours de lit en accusation

Par Jean-Guillaume Bayard

La majorité des décès prématurés des nourrissons sont dus aux éléments présents dans leur lit, responsables de trois disparitions inattendues sur quatre.

NataliaDeriabina/iStock
MOTS-CLÉS :
Allongé sur le ventre, le nourrisson risque l’enfouissement, l’hyperthermie et le confinement respiratoire, de même qu'en position latérale il risque de basculer sur le ventre.
Le bébé doit être couché sur le dos, sur un matelas ferme dans un lit à barreaux et sans oreiller ni couette ni couverture.
Il faut laisser le bébé libre de bouger la tête et le corps, de jour comme de nuit pour éviter les déformations crâniennes.

Le lit des nourrissons constitue leur principal danger. Les oreillers, les peluches et les tours de lit, conçu pour protéger la tête du bébé des chocs, sont ses principaux ennemis et leur principale cause de décès inattendus. L’agence fédérale américaine en matière de protection de la santé publique, les CDC (Centers for Disease Control and Prevention), a mené une étude qui révèle que les trois quarts des décès prématurés des nourrissons de moins d’un an aux États-Unis sont imputables aux différents éléments présents dans leur lit. Les résultats sont parus le 27 avril dans la revue Pediatrics.

Coucher le bébé sur le dos

Les chercheurs ont analysé les données de 4 929 nourrissons décédés accidentellement entre 2011 et 2017. Parmi eux, 75% sont dus aux peluches, tours de lit, couvertures, oreillers et autres articles de literie. Ces décès ne concernent pas uniquement les lits pour bébé. “Nous parlons également de nourrissons placés sur des surfaces autres qu'un couffin ou un berceau”, précise Sharyn Parks, épidémiologiste et autrice de l'étude, qui prend l’exemple d'“un canapé, un fauteuil inclinable ou un lit d'adulte. Nous voyons des bébés qui meurent dans toutes ces circonstances.”

L’an dernier, la Haute autorité de santé (HAS) et le Conseil national professionnel de pédiatrie ont rappelé les bonnes pratiques pour bien coucher son enfant. Dans une fiche mémo publiée le 5 mars 2020, les deux autorités rappellent qu’allongé sur le ventre, le nourrisson risque l’enfouissement, l’hyperthermie et le confinement respiratoire, de même qu'en position latérale il risque de basculer sur le ventre. Il est donc nécessaire de coucher le bébé sur le dos. “Les matériels de contention (cale-bébé, cale-tête, coussin de positionnement, réducteur de lit, etc.) sont inutiles, délétères et dangereux car ils peuvent favoriser le retournement ventral et augmentent le risque de décès asphyxique par enfouissement”, a alerté la HAS. Faire dormir son enfant en position ventrale augmente le risque de souffrir de déformations crâniennes positionnelles. 

Varier les positions 

Si le bébé doit être couché sur le dos, il faut faire attention à la plagiocéphalie, ou syndrôme de la tête plate. En décembre 2020, la HAS a publié une fiche conseils aux parents pour éviter que le nourrisson souffre de plagiocéphalie. Cette déformation crânienne se caractérise par un aplatissement asymétrique, sur l'arrière ou un côté de la tête, lié au couchage du nourrisson sur le dos. Pour prévenir ce phénomène, la HAS recommande de laisser le bébé “libre de bouger la tête et le corps, de jour comme de nuit”.

Les recommandations de la Haute autorité de santé pour assurer la sécurité du nourrisson sont les suivantes : le bébé doit être couché sur le dos sur un matelas ferme dans un lit à barreaux, installé dans une turbulette adaptée, sans oreiller ni couette ni couverture, avec une température ambiante modérée (18-20°), idéalement dans la chambre des parents les 6 premiers mois de vie, en évitant le partage du lit parental et sans exposition au tabac. Il est également recommandé de varier les postures et d’encourager les rotations spontanées de la tête du bébé en fonction de l’âge.