C’est bien connu, l’alcool, le tabac et, évidemment, la consommation de marijuana, sont fortement déconseillés pendant la grossesse. Les effets de ces substances peuvent être très néfastes pour la santé du futur bébé. Des chercheurs viennent de publier une étude dans la revue PLOS qui analyse l’influence cumulée de différentes expositions nocives pendant la grossesse - y compris avant qu’elle soit connue - sur le risque de développement de troubles psychiatriques chez l’enfant. Ils ont ainsi étudié les données de 9 290 jeunes âgés de neuf à dix ans.
Les expositions nocives augmentent le risque de troubles psychiatriques
Selon ces chercheurs, il y aurait six expositions prénatales nocives. D'abord les grossesses non planifiées, avec des consommations d’alcool, de tabac et de marijuana avant que la grossesse ne soit connue. Dans cette étude, les prises de ces substances s’arrêtent une fois que la maman sait qu’elle est enceinte. Ensuite, les complications comme l'hypertension artérielle ou le diabète gestationnel ou encore celles pouvant survenir lors des phases de travail et de l’accouchement. Ainsi, les foetus ayant été exposés à au moins deux de ces six facteurs indésirables seraient plus à risque de développer des problèmes psychiatriques tels que la dépression, des troubles de l'attention, de la pensée ou de l’humeur, ou encore de l'anxiété. "Bien que ces facteurs aient été associés individuellement à des risques similaires dans des études antérieures, souvent de moindre envergure, c'est la première fois que nous avons pu évaluer l'effet de ces expositions cumulées”, souligne Joshua L. Roffman, un des auteurs de l’étude. Dans le détail, les enfants qui n’ont subi aucune de ces expositions prénatales nocives n’avaient que 7 % de risques de développer des troubles psychiatriques cliniques significatifs. En revanche, ce pourcentage augmentait à 29 % lorsqu’un fœtus avait été exposé à quatre de ces facteurs.
L’environnement prénatal, un facteur important pour la santé du cerveau
Pour vérifier leurs résultats, les chercheurs ont pris en compte d’autres données comme le statut socio-économique de la mère ou l’exposition, après la naissance, à d’autres facteurs favorisant le développement de troubles psychiatriques. Hors, même dans ces conditions, les pourcentages restaient les mêmes, ce qui signifie que ce sont les expositions prénatales nocives qui avaient le plus d’impact. Néanmoins, cette étude comporte plusieurs limites. Tout d’abord, elle se base sur les souvenirs anciens - et parfois erronés - des mamans de ces enfants de neuf ou dix ans. Les données ne sont donc pas vérifiées scientifiquement. D’autre part, certaines infections pouvant toucher les femmes enceintes ou le stress éprouvé durant la grossesse n’ont pas été mesurés alors qu’ils peuvent être l’une des causes des problèmes psychiatriques de l’enfant. "Nos résultats montrent l’importance de l’environnement prénatal pour la santé du cerveau et la réduction du risque de symptômes psychiatriques pendant l’enfance, estime Joshua L. Roffman. Il est urgent et nécessaire de découvrir, développer et mettre en œuvre des interventions précoces qui atténuent certains de ces risques”. Selon une enquête datant 2018, réalisée par le réseau européen des Défenseurs des enfants, à laquelle Le Parisien avait eu accès, près de 12,5 % des enfants et adolescents seraient en souffrance psychique en France.