Dans certaines familles, il existe des cycles intergénérationnels de violence et de négligence envers les enfants. C’est ce que met en lumière une nouvelle étude menée par l’université d'Australie-Méridionale, et publiée dans la revue The Lancet Public Health. Selon ses auteurs, 83 % des cas de maltraitance d'enfants corroborés étaient des enfants de mères ayant aussi été en contact avec la protection de l'enfance quand elles étaient petites.
Un risque 14 fois plus élevé de subir de mauvais traitements
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données d’une étude comprenant 38 556 paires mère-enfant, dont certaines avaient été victimes de maltraitances et d’autres non.
Les résultats montrent que les enfants de mères exposées à de mauvais traitements avaient un risque 14 fois plus élevé de subir de mauvais traitements, et un risque 26 fois plus élevé d’être placés en foyer. En comparaison, pour les enfants de mères n'ayant jamais eu de contact avec les services de protection de l'enfance, le taux de mauvais traitements corroborés était de 5 %.
Pour la professeure Leonie Segal, chercheuse principale de l’étude, "ces résultats sont particulièrement inquiétants compte tenu des résultats généralement médiocres obtenus par les victimes de maltraitance ou de négligence envers les enfants dans de multiples domaines sanitaires et sociaux".
"Les enfants maltraités deviennent souvent des adultes qui ont un mauvais contrôle de leurs impulsions, un sens aigu de la honte, une vigilance excessive face aux menaces, qui se déclenchent facilement et qui présentent des niveaux extrêmes de détresse pouvant entraîner une consommation précoce de substances et des maladies mentales, ce qui aggrave les dommages. Lorsque ces enfants deviennent parents, leur capacité de compassion ou de confiance peut être altérée, ils sont souvent incapables de voir les besoins de leurs propres enfants et il leur est extrêmement difficile de fournir les soins parentaux qu'ils souhaiteraient tant offrir", poursuit la chercheuse.
Briser le cycle de violences
Pour les auteurs de l’étude, ces résultats montrent qu’il est essentiel de soutenir les femmes qui ont survécu à la maltraitance dans leur enfance pour rompre le cycle de la maltraitance intergénérationnelle.
"Les enfants et les parents ont besoin d'aide. La guérison de leurs traumatismes est un impératif éthique, mais elle offre également d'importantes retombées sanitaires et économiques aux familles et à l'ensemble de la communauté, souligne Leonie Segal. Si seulement nous pouvions perturber la voie de transmission intergénérationnelle, nous pourrions prévenir la part du lion de la maltraitance des enfants et inverser les trajectoires de vie de nos enfants les plus vulnérables et offrir une protection aux générations futures."