Aux États-Unis, les vaccins obligatoires pour les enfants ne sont pas les mêmes dans tous les États. Néanmoins, dans la plupart d’entre-eux, les autorités imposent ceux contre l'hépatite B, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la rougeole, la rubéole, les oreillons et la varicelle. Mais les parents peuvent obtenir facilement une dérogation, pour des raisons religieuses, médicales, philosophiques ou encore personnelles. Résultat, selon une étude qui vient d’être publiée dans la revue Health Equity, plus d’un quart des nourrissons américains n’avaient pas reçu les vaccins infantiles obligatoires en 2018. Alors que le gouvernement fédéral tablait sur un objectif de 90 % des bébés vaccinés, seuls 72,8 % de ceux âgés de 19 à 35 mois avaient reçu la série complète de vaccins. Cependant, même si les chiffres restent trop bas, il y a eu une augmentation de 30 % du nombre total de nourrissons ayant reçu la série complète de vaccins sur la période étudiée par les chercheurs, entre 2009 et 2018.
Les facteurs économiques n’expliquent pas la non-vaccination
Les scientifiques ont analysé les milieux sociaux-économiques de ces enfants non-vaccinés. Une grande partie d’entre-eux était d’origine afro-américaine, nés de mères n’ayant pas terminé leurs études secondaires et/ou serait issus de familles dont les revenus étaient inférieurs au seuil de pauvreté fédéral. "Ces résultats soulignent qu'il existe encore des disparités importantes dans la protection des nourrissons contre les maladies évitables aux États-Unis, souligne Rajesh Balkrishnan, l’un des auteurs de l’étude. Les faibles taux de vaccination de ces vaccins dans les familles ayant de faibles revenus sont décourageants, d’autant plus qu’il existe des programmes fédéraux tels que Vaccine for Children, qui leur fournit gratuitement ce service."
Des programmes fédéraux délivrent gratuitement les vaccins obligatoires
Vaccine for Children est un programme financé par le gouvernement fédéral des États-Unis. Ce dispositif, créé dans les années 1990, délivre gratuitement ces vaccins obligatoires aux enfants non assurés, à ceux n’ayant pas une assurance suffisante ou éligibles à Medicaid. Mais, malgré ce type de services, sur les dix ans étudiés par les scientifiques, la différence entre les familles à hauts et faibles revenus s’est accentuée et ce, en défaveur des plus pauvres. En effet, en 2018, les nourrissons nés dans des foyers vivant sous le seuil de pauvreté fédéral avaient 37 % de chances en moins de recevoir la série complète de vaccins que ceux issus de familles dont le revenu annuel était supérieur à 75 000 dollars. En 2009, ce pourcentage était bien plus faible : 9 %.
Le manque d’éducation, l’une des causes de la réticence aux vaccins
Outre les ressources économiques, les chercheurs estiment également que le niveau d’éducation joue un rôle de plus en plus important dans la décision de vacciner ou pas son enfant. Selon leurs résultats, les mères qui n'avaient pas terminé leurs études secondaires faisaient 27% de fois moins vacciner leurs nourrissons entièrement que les femmes ayant poursuivi leurs études. Cette différence sociologique a aussi beaucoup augmenté car entre 1995 et 2003, ce pourcentage était de 7,8 %.
Les enfants afro-américains moins vaccinés
Dernier enseignement de cette étude : les nourrissons afro-américains seraient moins vaccinés que les autres. Les scientifiques ne donnent pas de chiffres précis mais soulignent que les raisons pourraient être liées à plusieurs manques. Les foyers d’origine afro-américaine n’auraient pas suffisamment accès aux soins, notamment ceux préventifs, ils ne feraient pas assez confiance au système de santé et ne comprendraient ou mesureraient pas suffisamment les risques et les avantages de la vaccination. Les chercheurs rappellent pourtant que le fait de ne pas vacciner ses enfants les expose à des pathologies qui peuvent être mortelles. D’autre part, moins les bébés d’une génération sont vaccinés, plus l'immunité collective de l'ensemble de la population diminue, ce qui permet aux maladies de se propager.
"Ces résultats sont particulièrement importants dans le contexte de pandémie actuelle de la Covid-19, insiste Rajesh Balkrishnan. Une attention particulière doit être accordée aux populations vulnérables pour leur garantir l'accès à ces vaccins cruciaux qui permettent de sauver des vies." Jusqu’à présent, 200 millions de doses de vaccins contre la Covid-19 ont été administrées aux États-Unis, soit plus de la moitié des 328 millions d’habitants de ce pays.
En France, onze vaccins sont obligatoires pour les enfants de moins de deux ans depuis le 1er janvier 2018. Il s’agit de ceux contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B, le méningocoque C, le pneumocoque et l’Haemophilus influenzae b. Ils sont indispensables pour être acceptés en garderie, dans les colonies de vacances ainsi que dans les écoles.