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Mitochondries

Trop de sel perturbe l’activité des cellules immunitaires

Par Diane Cacciarella

Une alimentation trop salée aurait des conséquences néfastes sur la santé et, notamment, sur l’activité de certaines cellules. Néanmoins, ces effets délétères s'estomperaient rapidement. 

wir0man/iStock
Le sodium contenu dans le sel perturbe l’activité de certains globules blancs et donc du système immunitaire.
À court terme, la consommation de sel perturbe l’activité des cellules qui ont moins d’énergie et d’oxygène.
Ces effets disparaissent au bout de huit heures mais la consommation de sel reste mauvaise pour la santé. La limite quotidienne est de moins de 5 grammes.

La majorité des gens consomment trop de sel par jour, entre 9 et 12 grammes au lieu des moins de 5 grammes recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé. Pourtant, s’il est suivi, ce conseil permet de réduire la tension artérielle et le risque de maladies cardiovasculaires, telles que l’accident vasculaire cérébral ou l’infarctus du myocarde. Mais des chercheurs viennent de trouver un nouvel effet délétère à une alimentation trop salée : la perturbation de l’équilibre énergétique des cellules immunitaires ce qui, in fine, les empêche de fonctionner correctement. Leur étude a été publiée dans la revue Circulation.

Le sodium perturbe l’activité des globules blancs

Cinq grammes de sel en contiennent deux de sodium. De précédentes recherches avaient montré que des concentrations élevées de sodium dans le sang pouvaient affecter l’activation et la fonction des monocytes. Il s’agit d’un type de globules blancs qui participe à la destruction des virus et des bactéries. Lorsqu’ils entrent dans les différents tissus biologiques, ils deviennent des macrophages. Ces derniers appartiennent également à la famille des globules blancs, ils sont plus précisément des phagocytes qui aident à la défense immunitaire. Perturber le fonctionnement de ces cellules en consommant trop de sel peut donc avoir un impact sur le système immunitaire d’un individu. Mais, jusqu’à présent, les chercheurs connaissaient cette conséquence sans savoir ce qui se passait exactement dans les cellules. 

Le sel perturbe la chaîne respiratoire des cellules

Dans cette nouvelle étude, les scientifiques ont d’abord cherché à comprendre le métabolisme des cellules immunitaires qui avaient été exposées à de fortes concentrations de sel. Résultat, seulement trois heures après l’absorption du sel, les effets néfastes sont apparus. "Cela perturbe la chaîne respiratoire, amenant les cellules à produire moins d’adénosine triphosphate et à consommer moins d'oxygène”, explique Sabrina Geisberger, autrice principale de l'étude.  L’adénosine triphosphate - ou ATP - transporte l’énergie nécessaire aux réactions chimiques du métabolisme, à la division cellulaire ou encore à la puissance musculaire.  L’ATP est produit dans des organites appelés mitochondries, grâce à la  respiration cellulaire ou chaîne respiratoire. Et c’est justement cette dernière qui souffre de la consommation de sel et de sodium, substance qui ralenti la production d’ATP par les mitochondries. 

Une consommation ponctuelle de sel a aussi des effets néfastes

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont mené deux essais cliniques distincts. Dans le premier, les participants - des hommes en bonne santé - ont complété leur alimentation habituelle avec six grammes de sel sous forme de comprimés, chaque jour pendant 14 jours. Dans le second, les scientifiques ont analysé le taux de monocytes dans le sang des participants après avoir mangé une pizza cuisinée dans un restaurant italien qui contenait dix grammes de sel. Leurs résultats montrent une diminution de l’activité des mitochondries dans les deux essais cliniques. Cela signifie que l’effet du sodium sur les mitochondries ne se produit pas seulement après une période prolongée de consommation élevée de sel mais aussi après une consommation ponctuelle comme une pizza.

Au bout de huit heures, l’activité des mitochondries revient à la normale

Les analyses de sang des personnes ayant mangé cette spécialité italienne montraient que l’effet était visible trois heures après le repas mais que huit heures après, celui-ci avait quasiment disparu. Une bonne nouvelle qui signifie que l'activité mitochondriale n'est donc pas inhibée en permanence mais seulement quelques heures après l’absorption de sel. Néanmoins, les chercheurs souhaitent poursuivre leurs recherches pour répondre à deux autres questions : quels sont les effets à long terme d’une alimentation trop salée sur les mitochondries ? Le sel a-t-il le même effet sur d’autres cellules ? "La première chose à laquelle vous pensez est le risque cardiovasculaire, mais plusieurs études ont montré que le sel peut affecter les cellules immunitaires de diverses manières, conclut Markus Kleinewietfeld. Si un mécanisme cellulaire aussi important est perturbé pendant une longue période, cela pourrait avoir un impact négatif et entraîner des maladies inflammatoires des vaisseaux sanguins, des articulations ou encore des pathologies auto-immunes”. L’OMS estime que 2,5 millions de décès pourraient être évités chaque année si la consommation de sel au niveau mondial était ramenée au niveau recommandé…