- Un essai mené par Pfizer avance que son vaccin est “efficace à 100%” chez les 12-25 ans.
- Vacciner les enfants permet d'abaisser le taux de personnes vaccinées pour atteindre l'immunité collective.
- Le collectif citoyen appelle le gouvernement à communiquer plus clairement, cibler les jeunes et améliorer l'organisation de la vaccination.
La vaccination pourrait bientôt accueillir une nouvelle population. Dès la semaine prochaine, aux États-Unis, le vaccin anti-Covid Pfizer-BioNTech devrait être autorisé pour les enfants à partir de 12 ans. La demande d’autorisation d’utilisation d’urgence a été déposée en avril dernier par le groupe pharmaceutique américain après des essais dont les résultats indiqueraient que le produit est efficace à 100% contre les 12-15 ans. En Europe, la demande d’autorisation a été remise vendredi dernier par Pfizer. L’évaluation a débuté ce lundi par l'Agence européenne des Médicaments (EMA) dont l'avis est attendu pour juin.
Olivier Véran : après AstraZeneca, Moderna
La vaccination des enfants est importante car elle permettrait d’abaisser le taux de personnes vaccinées pour atteindre l’immunité collective. Selon des estimations de l’institut Pasteur, prépubliées le 6 avril dernier, pour reprendre une vie normale, il faudrait que 90% de la population adulte ait reçu les deux injections, ou l’unique dose dans le cas du vaccin Johnson & Johnson. Vacciner les plus jeunes permettrait d’abaisser ce taux. En cas d'immunisation des enfants, il suffirait de vacciner “60 à 69% des 0-64 ans et 90 % des plus de 65 ans” pour permettre un relâchement total des mesures actuelles, a avancé Simon Cauchemez, responsable du laboratoire de modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur et auteur principal de l’étude, au Parisien. “S’il est démontré que les vaccins sont sûrs et efficaces chez les enfants, les vacciner pourrait être intéressant afin de réduire la circulation du virus dans cette tranche d’âge et ne pas la laisser en capacité de transmettre le virus à des personnes fragiles et non protégées”, a-t-il estimé.
Ce lundi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a, lui, reçu sa deuxième injection de vaccin anti-Covid. Il fait partie des près de 7 millions de Français qui ont eu les deux doses tandis que quasiment 16 millions ont reçu le premier shoot. Après avoir obtenu le produit d’AstraZeneca en première dose, il a cette fois eu le Moderna. Ce changement est conforme à “la recommandation de la Haute autorité de santé”, a annoncé son cabinet. En effet, le 9 avril dernier, la HAS a rendu un avis dans lequel elle recommande aux personnes de moins de 55 ans qui ont reçu une première injection d’AstraZeneca d’avoir une deuxième dose avec un produit à ARN messager, Pfizer ou Moderna.
Améliorer la communication
Le collectif citoyen, composé de 31 Français tirés au sort pour évaluer la stratégie vaccinale du gouvernement, a rendu ses recommandations ce lundi à Alain Fischer, le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale. Leur conclusion : “peut mieux faire”.
Ils pointent tout d’abord un manque de clarté sur la stratégie adoptée. “Il y a eu trop de revirements en termes de communication, a rapporté Gilles Duhamel, l'un des membres du collectif, à Franceinfo. Ça peut s'expliquer par le travail dans l'urgence avec des infos scientifiques qui arrivent au fur et à mesure. Mais ça ne donne pas confiance aux gens.” Pour inciter la population à se faire vacciner, ils encouragent le gouvernement à multiplier les actions (brochures dans les salles d'attente, spots publicitaires télévisés…) et à se tourner vers les coiffeurs, restaurateurs ou encore libraires pour convaincre. “Avoir un message dans la boulangerie où l'on va tous les jours aura plus d'impact, ajoute Gilles Duhamel. On évoque aussi une émission de télé hebdomadaire, mais avec des scientifiques, parce qu'aujourd’hui, la voix des politiques n’est plus crédible.”
Autre raté de la communication décrié par le collectif : le vaccin AstraZeneca. “On a fait tout ce qu’il ne fallait pas, résume le collectif. La cacophonie génère de la suspicion.”
Les membres du collectif estiment également qu’il faut mener une campagne ciblée visant les jeunes par les bons canaux. “Les membres les plus jeunes du collectif travaillent en direct avec Alain Fischer et la cellule de communication du gouvernement pour des messages à destination des jeunes”, a révélé Gilles Duhamel. “Il est important d’inclure les jeunes dans les campagnes d’information sur la vaccination car lorsque l’on va communiquer auprès d’eux cet été, il sera trop tard, ils auront la tête à voyager, bouger, poursuit Lilya Gueddiche, également membre du collectif. Les jeunes sont hyper connectés et, par ce fait, sont vecteurs d’informations auprès de leur entourage. Ils peuvent informer leurs parents et leurs grands-parents qui sont aujourd’hui directement concernés par la vaccination.”
Mieux gérer les prises de rendez-vous
Enfin, le dernier point relevé par le collectif concerne l’organisation de la vaccination. Ils préconisent de rendre les lieux de vaccination plus proches des gens. “Il faudrait aller vacciner avec des bus, faire ce qu’il se passe avec le don du sang, suggère Gilles Duhamel. Les vaccinodromes, c'est bien, mais tout le monde n’y va pas. On évoque aussi des maraudes pour les SDF ou la vaccination des saisonniers.” Le rapport souligne également l'importance de cibler “les populations cachées. Par exemple pour les migrants à Calais, ce seraient les associations qui pourraient s'occuper de leur vaccination, propose Gilles Duhamel. Ce sont des candidats idéaux au Janssen, car il suffit d’une seule dose.”
Par ailleurs, la prise de rendez-vous et la gestion des listes d’attente doivent être améliorés, selon les 31 Français du collectif. “Le système de prise de rendez-vous ne fonctionne pas correctement, jugent-ils. Demander l’inscription du numéro de Sécurité sociale dans les demandes de prise de rendez-vous, et connecter les différentes bases de prise de rendez-vous pour éviter les doublons et le gaspillage de doses”, pourrait être une solution.