- Les médicaments contre les allergies réduisent de 35 % l'augmentation du flux sanguin vers les muscles pendant l'effort.
- Les antihistaminiques bloquent l’expression d’un grand nombre de gènes qui s’activent après l’effort physique pour aider le corps à récupérer.
- Adapter le dosage permettrait de réduire les effets néfastes des antihistaminiques lors de la pratique sportive.
Cette étude n’est pas une bonne nouvelle pour les sportifs allergiques aux pollens. Une recherche réalisée par des scientifiques de l'université de Gand en Belgique et de l'université de Copenhague au Danemark suggère que les antihistaminiques éliminent les bienfaits de l’exercice physique. Publiée le 14 avril dans la revue Science Advances, elle conclut que prendre ces médicaments contre l’allergie est même contre-productif puisqu’ils réduisent l'augmentation du flux sanguin, le contrôle de la glycémie et empêchent de bien récupérer.
Les antihistaminiques bloquent l’expression de nombreux gènes liés à la récupération
Les actions de l’activité physique et des antihistaminiques sur le corps apparaissent antinomiques. “L'exercice aérobie produit une puissante action préventive dans les maladies cardiovasculaires, métaboliques et chroniques. Or, le blocage des récepteurs de l’histamine empêche ces adaptations microvasculaires et mitochondriales. Par conséquent, l'amélioration des capacités sportives, du contrôle glycémique et la fonction vasculaire sont amoindries”, précise Wim Derave, physiologiste du sport à l'université de Gand et principal auteur de l'étude. Les médicaments contre les allergies réduisent par exemple de 35 % l'augmentation du flux sanguin vers les muscles pendant l'effort.
Ces résultats confirment une précédente étude, parue en 2016 dans le Journal of Physiology, qui a montré que certains antihistaminiques bloquent l’expression d’un grand nombre de gènes qui s’activent après l’effort physique pour aider le corps à récupérer. Après le sport, l’activation de quelque 3 000 gènes agit sur les muscles et sur les vaisseaux sanguins pour les aider à évacuer les traces du stress musculaire liées à l’effort. Mais chez les sportifs sous antihistaminiques, 27% de ces gènes apparaissent bloqués.
Autant de transpiration, pas les mêmes effets
Dans cette étude, les chercheurs ont soumis vingt volontaires à un programme d'entraînement par intervalles de haute intensité trois fois par semaine pendant six semaines. Une heure avant chaque séance, la moitié d'entre eux a reçu des médicaments bloquant les récepteurs H1 et H2 de l'histamine, et l’autre moitié un placebo.
Au bout de six semaines, les participants qui pris des antihistaminiques ont connu une amélioration physiologique significativement moindre que ceux du groupe placebo, notamment au niveau du métabolisme du glucose, de la capacité des mitochondries à produire de l’énergie ou encore de la formation de nouveaux capillaires. “Les volontaires prenant des antihistaminiques transpiraient tout autant, faisaient autant d'efforts que les autres, mais n'en ont pas retiré les mêmes effets bénéfiques”, a expliqué Wim Derave au site Inverse.
Adapter le dosage
En conclusion de leur étude, les chercheurs se veulent rassurant. Ils ont utilisé une combinaison de deux types de médicaments (anti-H1 et anti-H2) qui sont rarement pris en même temps, en tout cas pas à des niveaux aussi élevés qu’au cours de l’expérience. “Il est possible qu'avec une adaptation du dosage ou un entraînement plus long, ces effets soient contrecarrés”, ont écrit les scientifiques.