- Le syndrome des loges se caractérise par une tétanisation du muscle de l’avant-bras, le cubitus, à force de sollicitations prolongées et répétées.
- Cette blessure nécessite une opération qui entraîne une absence de courte durée, estimée à 10 jours.
- L'opération de Fabio Quartararo s'est bien passée et il devrait être présent au Grand Prix de France les 14, 15 et 16 mai sur le circuit Bugatti, au Mans.
Pour tous ceux qui ont regardé le dernier Grand Prix de MotoGP de Jerez, en Espagne, le comportement du pilote français Fabio Quartararo a interpellé. Alors qu’il dominait la course, le pilote a subitement perdu son avance et chuté à la treizième place. “J'ai réussi à tenir encore quatre tours alors que je commençais à me sentir pas bien sur la moto. C'était de pire en pire et à la fin c'était imprévisible, très dangereux”, a-t-il témoigné après coup pour expliquer les raisons de cette chute au classement. Comme de nombreux pilotes avant lui, le Français de 22 ans a été victime du syndrome des loges, également appelé maladie des motards.
Pas la première fois pour Quartararo
Le syndrome des loges se caractérise par une tétanisation du muscle de l’avant-bras, le cubitus, à force de sollicitations prolongées et répétées. C’est pour cela qu’après la course, le Français a déclaré que son bras “c’était de la pierre”. “Les muscles sont contractés pendant de longues périodes sans pouvoir se relâcher et se réoxygéner et donc se trouvent à l’étroit dans leurs loges”, précise Pierre Ortega, médecin et président du comité médical de la Fédération française de motocyclisme (FFM), à Ouest France.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le Français est confronté à cette blessure puisqu’en 2019, déjà, il a été opéré de ce mal. Depuis le début de la saison, deux autres motards, Iker Lecuona (KTM) et Jack Miller (Ducati), ont dû être opérés du syndrome des loges. “C'est impossible de rouler avec (ce syndrome), surtout du côté droit avec l'accélérateur et le frein, a témoigné sur Eurosport. Randy de Puniet, ex-pilote de la catégorie élite, passé lui aussi par la salle d'opération. On n'arrive plus à serrer, donc quand on arrive à 300 km/h et qu'il faut attraper les freins... ce n’est pas facile.”
Une courte absence
Ce syndrome frappe de plus en plus les pilotes à mesure que les motos deviennent plus puissantes. “Surtout avec des machines qui sont de plus en plus lourdes (157 kg pour une machine dernière génération), qui vont de plus en plus vite et qui nécessitent de freiner de plus en plus fort”, ajoute Randy de Puniet. Cette saison, l’autre Français, Johann Zarco (Ducati), a battu le record de vitesse en atteignant les 362,4 km/h au Grand Prix de Losail. Des chiffres affolants qui laissent l’ancien pilote penser que “d'ici deux ans, tout le plateau sera passé sur le billard”.
La bonne nouvelle est que l’opération n’entraîne pas une absence trop longue, estimée en général à une dizaine de jours. L’opération de Fabio Quartaro a eu lieu ce mardi et à en croire sa communication sur son compte Instagram, tout s’est bien passé. Il devrait être de retour à la compétition pour le Grand Prix de France, les 14, 15 et 16 mai sur le circuit Bugatti, au Mans. “Sur une première intervention on fait ce que l’on appelle une aponévrotomie, on ouvre la loge, et ça reste en général une intervention relativement simple, détaille le docteur Ortega. Mais quand il y a une récidive on est obligé d’avoir des techniques un peu plus agressives entre guillemets, et on va aller ouvrir un peu plus large dans les loges.” Ce dernier se veut rassurant : “les solutions chirurgicales permettent toujours de dépanner le pilote de haut niveau et réduire la douleur.”
Voir cette publication sur Instagram
Les freins en carbone pointés du doigt
Au-delà du cas personnel du Français, la question des limites physiques imposées par les nouvelles motos se pose. “Ça fait quelques années qu'on entend parler de ce phénomène qui concerne les pilotes de haut niveau, que je n'ai pas connu quand je courais, explique Christophe Guyot, vainqueur des 24 Heures et champion du monde d'Endurance avant de collectionner les titres mondiaux en Endurance à la tête du team GMT94 Yamaha. Je pense que c'est beaucoup lié à l'utilisation des freins en carbone, à la musculature aussi des pilotes : ils se préparent maintenant beaucoup à tenir les distances, qui sont assez élevées, sur des motos physiques à piloter. Les freins en carbone imposent une grosse résistance au freinage. D'où ce syndrome des loges qui rend le bras dur comme du béton. C'est handicapant car on perd de la force, et la douleur, intense, est là”.